Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisOn rencontre, dĂšs l'AntiquitĂ©, le mot Atlantique » pour dĂ©signer le grand ocĂ©an qui se trouve Ă l'ouest de l'Europe. Selon HĂ©rodote, ce nom lui viendrait du peuple des Atlantes, qui habitait le Maroc. La dĂ©nomination disparut au Moyen Ăge. On lui prĂ©fĂ©ra alors celle de mer Occidentale » ou quelquefois de mer du Nord ». Mais le gĂ©ographe Mercator fit revivre le mot Atlantique » en le plaçant sur sa cĂ©lĂšbre mappemonde, en 1569, et ce terme se substitua dĂšs lors, peu Ă peu, Ă celui de mer OcĂ©ane » des vieux cartographes dans l'AntiquitĂ©Il est certain que les populations prĂ©historiques campĂšrent sur les rivages de l'Atlantique. Se risquĂšrent-elles sur leurs eaux Ă bord de frĂȘles esquifs ? C'est possible, rien dans l'Ă©tat actuel de nos connaissances ne permet de l'affirmer. L'Atlantique, en effet, n'entre pas dans l'histoire avant l'an 600 avant HĂ©rodote raconte qu'Ă cette Ă©poque le pharaon d'Ăgypte NĂ©chao II aurait accompli le pĂ©riple de l'Afrique. Parti de la mer Rouge, il aurait Ă©tĂ© de retour en MĂ©diterranĂ©e trois ans plus tard, aprĂšs avoir franchi les colonnes d'Hercule. Exploit remarquable, s'il Ă©tait confirmĂ©. Mais rien n'est venu, jusqu'Ă prĂ©sent, corroborer le rĂ©cit d'HĂ©rodote. On est certain que les PhĂ©niciens, qui possĂ©daient au demeurant de meilleures embarcations que les Ăgyptiens, ont franchi le dĂ©troit de Gibraltar. En 465 avant notre Ăšre, Hannon, magistrat de Carthage, reçut l'ordre d'aller Ă©tablir des colonies au-delĂ des colonnes d'Hercule. Il partit avec trente mille personnes, sur soixante navires. Il fonda ainsi, sur la cĂŽte actuelle du Maroc, les colonies de ThymĂ©atherion MehĂ©dia et Caricur Agadir ?. Poursuivant sa route vers le sud, il doubla le cap Vert et aurait atteint la rĂ©gion du Cameroun. Au retour, Hannon et ses compagnons visitĂšrent des Ăźles qu'ils nommĂšrent FortunĂ©es » Ă cause de la richesse de leur vĂ©gĂ©tation ce sont les Canaries. Ils abordĂšrent aussi Ă MadĂšre. On a dit que certains membres de l'expĂ©dition, sĂ©parĂ©s du gros par une tempĂȘte, auraient Ă©tĂ© poussĂ©s par les vents jusqu'en AmĂ©rique. Rien ne le confirme. Pendant qu'Hannon cinglait vers le sud, un de ses compagnons, Himilcon, se dirigeait vers le nord, explorait l'Ăźle d'Albion l'Angleterre, les CassitĂ©rides, ou Ăźles Ă Ă©tain les Sorlingues, l'Ăźle SacrĂ©e l'Irlande. Ă dater de ces explorations, PhĂ©niciens, Carthaginois et Grecs nouent, par l'Atlantique, des relations commerciales avec les pays de la mer du Nord, de la Baltique et de la cĂŽte atlantique du Maroc. Vers 340 avant notre Ăšre, un Grec de Marseille, PythĂ©as, renouvelle l'exploit d'Himilcon, et se rend encore plus avant dans le Nord. Il atteint, en effet, l'Ăźle de ThulĂ©, oĂč la durĂ©e du jour Ă©tait de vingt-quatre heures. Il s'agit sans doute de l'Islande. Durant l'AntiquitĂ© classique et le haut Moyen Ăge, il ne semble pas que les EuropĂ©ens aient dĂ©passĂ© les rĂ©gions atteintes par Hannon, Himilcon ou ixe siĂšcle de notre Ăšre, les routes de l'Atlantique, qui longeaient de prĂšs les cĂŽtes de l'Afrique septentrionale et de l'Europe, furent dominĂ©es par des MĂ©diterranĂ©ens Ăgyptiens, PhĂ©niciens, Grecs, Romains, 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 21 pagesAfficher les 12 mĂ©dias de l'articleĂcrit par doyen de la facultĂ© des lettres et sciences humaines de ToulouseClĂ©ment THIBAUD maĂźtre de confĂ©rences en histoire contemporaine Ă l'universitĂ© de NantesClassificationĂconomie et gestionHistoire Ă©conomiqueHistoire du commerceĂconomie et gestionHistoire Ă©conomiqueHistoire Ă©conomique, xviie et gestionHistoire Ă©conomiqueHistoire Ă©conomique, xviiie de la gĂ©ographieExplorations et explorateursExplorations et explorateurs, AntiquitĂ©GĂ©ographieHistoire de la gĂ©ographieExplorations et explorateursExplorations et explorateurs, Moyen ĂgeGĂ©ographieHistoire de la gĂ©ographieExplorations et explorateursExplorations et explorateurs, du xve xviiie thĂ©matiqueHistoire culturelleHistoireHistoire thĂ©matiqueHistoire maritimeHistoire de l'ocĂ©an AtlantiqueHistoireHistoire chronologieHistoire des Temps modernes, du xve s. Ă 1789Europe, Temps modernesGrandes DĂ©couvertesHistoireHistoire chronologieHistoire, de 1789 Ă la fin du xixe britannique, xixe rĂ©fĂ©rences ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCĂAN » est Ă©galement traitĂ© dans ABOLITION INTERNATIONALE DE LA TRAITE ATLANTIQUEĂcrit par Jean BOULEGUE âą 191 mots âą 1 mĂ©dia La traite des Noirs par l'Atlantique a dĂ©butĂ© au xv e siĂšcle, Ă destination de l'Europe, mais c'est aprĂšs la dĂ©couverte de l'AmĂ©rique qu'elle a pris son essor, pour fournir de la main-d'Ćuvre aux plantations. Les estimations sur le nombre de personnes dĂ©portĂ©es d'Afrique en AmĂ©rique varient, pour la plupart, entre dix et vingt millions. Le xviii e siĂšcle fut la pire pĂ©riode, mais il vit aussi le [âŠ] Lire la suiteAMĂRIQUE Histoire - DĂ©couverteĂcrit par Marianne MAHN-LOT âą 4 816 mots âą 6 mĂ©dias Ătymologiquement le mot AmĂ©rique » vient d'Amerigo, prĂ©nom de Vespucci . Il a Ă©tĂ© inventĂ© par Martin WaldseemĂŒller qui, dans sa Cosmographie 1507, proposa d'appeler AmĂ©rique la quatriĂšme partie du monde », prĂ©tendument dĂ©couverte par le Florentin. La dĂ©couverte de l'AmĂ©rique » a Ă©tĂ© une Ćuvre collective. Qui peut savoir quel pĂȘcheur anonyme est parvenu le premier sur les bancs de Terre-Neu [âŠ] Lire la suiteAMĂRIQUE Histoire - AmĂ©rique espagnoleĂcrit par Jean-Pierre BERTHE âą 21 938 mots âą 13 mĂ©dias Dans le chapitre L'empire des mers et le commerce » [âŠ] C'est dire que l'Ă©conomie coloniale amĂ©ricaine vit au rythme des flottes et des convois de galions. C'est une gigantesque entreprise que la Carrera de las Indias del mar OcĂ©ano , et qui met en cause une multitude d'intĂ©rĂȘts, souvent mal accordĂ©s. Ceux de l'Ătat et du fisc sont reprĂ©sentĂ©s par la Casa de la contrataci Ăłn . DerriĂšre le consulat des marchands de SĂ©ville, on devine plus d'une fois [âŠ] Lire la suiteBATAILLES NAVALES Ăąge de la voile - repĂšres chronologiquesĂcrit par MichĂšle BATTESTI âą 1 045 mots 31 juillet-8 aoĂ»t 1588 La Armada Grande l'Invincible Armada, forte de 130 vaisseaux dont 60 galions et caraques de guerre et 30 000 hommes, est envoyĂ©e en mai par Philippe II pour envahir l'Angleterre. HarcelĂ©e depuis Plymouth par les Anglais, dĂ©sorganisĂ©e par des brĂ»lots, elle livre bataille devant Gravelines le 8 aoĂ»t. La maniabilitĂ© des vaisseaux anglais et la puissance de feu de leurs ca [âŠ] Lire la suiteBĂTHENCOURT JEAN DE 1360 par Jean FAVIER âą 210 mots Seigneur normand, chambellan de Charles VI, Jean de BĂ©thencourt organisa en 1402 une expĂ©dition pour conquĂ©rir les Ăźles Canaries ; il vendit ou hypothĂ©qua ses biens pour la financer et en partagea la responsabilitĂ© avec Gadifer de La Salle. Cette premiĂšre tentative fut un Ă©chec, et BĂ©thencourt dut recourir Ă l'aide du roi de Castille Henri III, Ă qui il prĂȘta hommage pour sa future conquĂȘte. Ayant [âŠ] Lire la suiteCABOT LESĂcrit par Jean-Marcel CHAMPION âą 595 mots Navigateurs d'origine italienne. Jean Cabot 1450-1498, sur la vie duquel les renseignements prĂ©cis et incontestables sont rares, a attachĂ© son nom aux premiĂšres navigations anglaises dans l'Atlantique Nord en direction du continent amĂ©ricain. Peut-ĂȘtre nĂ© Ă GĂȘnes, devenu citoyen de Venise, il se consacre au commerce maritime dans la mer MĂ©diterranĂ©e avant de s'installer Ă Bristol, oĂč il pouvait [âŠ] Lire la suiteCADIXĂcrit par Charles LESELBAUM âą 351 mots âą 1 mĂ©dia SituĂ©e dans la rĂ©gion autonome d'Andalousie, capitale de la province qui porte son nom, Cadix 128 554 hab. en 2007 est bĂątie sur un rocher reliĂ© au continent par une chaussĂ©e Ă©troite et au bord d'une baie ouvrant sur l'ocĂ©an Atlantique. CitĂ© phĂ©nicienne du nom de Gadir, elle passe sous la domination carthaginoise et romaine et s'appelle alors Gades, puis Julia Augusta Gaditana. Elle sera trĂšs ra [âŠ] Lire la suiteCANADA - Histoire et politiqueĂcrit par Michel BRUNET, Alain NOĂL âą 19 334 mots âą 11 mĂ©dias Dans le chapitre Premiers explorateurs » [âŠ] Des Irlandais seraient venus en AmĂ©rique du Nord entre 540 et 983. Des Vikings, partis de NorvĂšge, s'Ă©taient installĂ©s au Groenland en 982 Ă la suite d'Ăric le Rouge. Un fils de celui-ci, Leif, fonda une colonie norvĂ©gienne en AmĂ©rique du Nord 1002. Il est encore impossible d'en fixer le lieu. L'archĂ©ologue Mallery soutient que les survivants de cette colonie se sont mĂȘlĂ©s aux Iroquois. Les Euro [âŠ] Lire la suiteCAP-VERT CABO VERDEĂcrit par RenĂ© PELISSIER, Universalis âą 3 974 mots âą 3 mĂ©dias Dans le chapitre L'histoire coloniale » [âŠ] La dĂ©couverte », soit par les navigateurs vĂ©nitien Alvise da CĂĄ da Mosto et gĂ©nois Antoniotto Usodimare en 1456, soit par le Portugais Diogo Gomes et le GĂ©nois Antonio de Noli en 1460, fait l'objet de dĂ©bats, mais il est Ă©galement possible que les Ăźles aient Ă©tĂ© antĂ©rieurement visitĂ©es par des Africains. L' archipel dĂ©sert est divisĂ© en capitĂąnias , concĂ©dĂ©es au Portugal qui les peuple avec qu [âŠ] Lire la suiteCARTIER JACQUES 1491-1557Ăcrit par AndrĂ© VACHON âą 1 504 mots âą 1 mĂ©dia Le plus grand mĂ©rite de Jacques Cartier reste la dĂ©couverte du Saint-Laurent . Voie extraordinaire de pĂ©nĂ©tration, ce fleuve, dont on ne soupçonnait mĂȘme pas l'existence, ouvrait Ă la France le cĆur d'un continent. C'Ă©tait probablement la dĂ©couverte la plus importante, en AmĂ©rique, depuis celle de Colomb. Elle rendait possible, en tout cas, la venue de Champlain et la fondation d'un royaume frança [âŠ] Lire la suiteVoir aussiAFRIQUE NOIRE histoire prĂ©colonialeAFRIQUE NOIRE histoire pĂ©riode colonialeL'INVINCIBLE ARMADAASIENTOTRAVERSĂE DE L' ATLANTIQUEBATEAU Ă VAPEUREMPIRE BRITANNIQUE AmĂ©riqueCARAVELLE navireCOMMERCE histoireCOMMERCE TRIANGULAIREDĂCLARATION DE L'INDĂPENDANCE AMĂRICAINEESPAGNE histoire Moyen Ăge du XIIIe au XVe COLONIAL ESPAGNOLĂTATS-UNIS D'AMĂRIQUE histoire des origines Ă 1865ĂTATS-UNIS D'AMĂRIQUE histoire de 1865 Ă 1945RĂGIME DE L' EXCLUSIFFLOTTE DE COMMERCEĂLES FORTUNĂESTRAITĂ DE GANDGRANDE-BRETAGNE histoire les Tudors 1485-1603Recevez les offres exclusives UniversalislAtlantique Est et de la MĂ©diterranĂ©e mis en place par la CICTA nâa pas vocation premiĂšre Ă rĂ©gir : - Les navires qui ne pĂȘchant pas activement du thon rouge ; - la pĂȘche sportive ; - la pĂȘche rĂ©crĂ©ative. 178 Paragraphe 2 de la Recommandation 17-07 de lâICCAT qui remplace la Recommandation 14-04 qui remplace la Recommandation 13-07 de lâICCAT visant Ă ï»żAccueil âąAjouter une dĂ©finition âąDictionnaire âąCODYCROSS âąContact âąAnagramme DĂ©troit rĂ©unissant l'Atlantique Ă la MĂ©diterranĂ©e â Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies. Lhistoire montre pourtant quâil nâen a pas toujours Ă©tĂ© ainsi, et que cette rĂ©gion a connu dans le passĂ© une profonde unitĂ©, qui tient justement Ă sa position de carrefour et de passage maritime, entre lâEurope et lâAfrique mais aussi entre la MĂ©diterranĂ©e et lâAtlantique. RĂ©unissant des historiens et archĂ©ologues spĂ©cialistes de lâAntiquitĂ© et du Moyen Ăge, ce
Ledétroit de Gibraltar, qui sépare l'Europe et l'Afrique, situé entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique ; Le pas de Calais (Strait of Dover ou Dover Strait pour les anglophones) est le détroit qui marque la limite entre la Manche et la mer du Nord, et sépare la Grande-Bretagne (ville de Douvres) de la France (ville de Calais) ; Le détroit de Béring, qui sépare l'Asie de l
N° 3615 ______ ASSEMBLĂE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIĂME LĂGISLATURE EnregistrĂ© Ă la PrĂ©sidence de l'AssemblĂ©e nationale le 29 mars 2016 RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ĂTRANGĂRES SUR LE PROJET DE LOI ADOPTĂ PAR LE SĂNAT, autorisant lâaccession de la France au protocole sur le statut des quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux créés en vertu du TraitĂ© de lâAtlantique Nord, PAR M. Guy-Michel CHAUVEAU DĂ©putĂ© ââ ET ANNEXE TEXTE DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ĂTRANGĂRES Voir les numĂ©ros SĂ©nat 286, 457, 458 et 111 2015-2016. AssemblĂ©e nationale 3578, 3620 SOMMAIRE ___ Pages INTRODUCTION 5I. UN DĂMARCHE DE COHĂRENCE ET DE CONSĂQUENCE 7A. LâABOUTISSEMENT DâUN RETOUR ENGAGĂ DĂS 1995 7 B. TROIS ĂLĂMENTS SUPPLĂMENTAIRES Ă PRENDRE EN COMPTE 9 1. La simplicitĂ© administrative et la sĂ©curitĂ© juridique 9 2. Lâinfluence française 10 3. Lâabsence dâincidence et ainsi dâinflexion sur notre positionnement vis-Ă -vis de lâOTAN 11 4. Une nĂ©gociation sans difficultĂ© 12 II. UN ACCORD TECHNIQUE CLASSIQUE, QUI NE SOULĂVE AUCUNE DIFFICULTĂ 13A. LE CHAMP DâAPPLICATION LES QUARTIERS GĂNĂRAUX MILITAIRES INTERALLIĂS, LEURS PERSONNELS ET LEURS PERSONNES Ă CHARGE 131. Les structures civiles et militaires de lâOTAN et leurs statuts 13a. Les structures de lâOTAN 13 b. La convention de Londres de 1951 SOFA OTAN sur le stationnement des forces armĂ©es 14 c. La convention dâOttawa de 1951 sur le statut de lâOTAN 15 2. Le protocole de Paris un texte spĂ©cifique aux quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux 15a. Une mise en Ćuvre, avec des adaptations, de la convention SOFA OTAN 15 b. Son champ dâapplication les quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux, ainsi que leurs personnels civils et militaires 15 B. DES DISPOSITIONS ADMINISTRATIVES, FISCALES ET TECHNIQUES 161. Le statut des quartiers gĂ©nĂ©raux 16 2. La couverture juridique des personnes civils et militaires, et de leurs ayant droits 17 3. Le rĂšglement des diffĂ©rends et les dispositions finales 18 C. UNE RATIFICATION NĂCESSAIREMENT PAR VOIE LĂGISLATIVE 19 D. UNE APPLICATION ĂVENTUELLE Ă CERTAINS QUARTIERS GĂNĂRAUX ET CERTAINES STRUCTURES EN FRANCE, MAIS APRĂS UNE DĂCISION EXPLICITE AU CAS PAR CAS 20 EXAMEN EN COMMISSION 23 ANNEXE N° 1 LISTE DES PERSONNES AUDITIONNĂES 25 ANNEXE TEXTE DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ĂTRANGĂRES 27 INTRODUCTION Mesdames, Messieurs, La rĂ©intĂ©gration par la France de la structure du commandement intĂ©grĂ© de lâOrganisation du TraitĂ© de lâAtlantique OTAN, en 2009, conduit naturellement Ă se poser la question de la ratification du protocole de Paris du 28 aoĂ»t 1952 sur le statut des quartiers militaires internationaux créés en vertu du traitĂ© de Washington du 4 avril 1949 donnant naissance Ă lâAlliance atlantique. Ce protocole a Ă©tĂ© une premiĂšre fois ratifiĂ© par la France, le 20 janvier 1955, alors que notre pays, membre fondateur de lâAlliance, accueillait non seulement le siĂšge de lâOTAN, mais aussi le Grand quartier gĂ©nĂ©ral des puissances alliĂ©es en Europe GQGPAE ou SHAPE en anglais, Ă Rocquencourt. Ă lâAssemblĂ©e nationale, le rapporteur en Ă©tait le gĂ©nĂ©ral Pierre Billotte. Ce protocole a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© le 30 mars 1966, avec effet au 31 mars 1967, lorsque la France a dĂ©cidĂ©, dans les circonstances historiques que nous connaissons, de quitter la structure de commandement intĂ©grĂ©e. A alors eu lieu le transfert du SHAPE en Belgique, Ă Mons, oĂč il est toujours Ă©tabli. Cinquante ans aprĂšs, la dĂ©marche inverse sâimpose. Dâune part, la rĂ©intĂ©gration opĂ©rĂ©e Ă partir de 2009 a donnĂ© des rĂ©sultats positifs. Sa pertinence a Ă©tĂ© confirmĂ©e dĂšs 2012 par le rapport pour le PrĂ©sident de la RĂ©publique française sur les consĂ©quences du retour de la France dans le commandement intĂ©grĂ© de lâOTAN, sur lâavenir de la relation transatlantique et les perspectives de lâEurope de la dĂ©fense » Ă©tabli par M. Hubert VĂ©drine, ancien ministre des affaires Ă©trangĂšres. Ensuite, le protocole est un texte trĂšs technique, de consĂ©quence, dont les dispositions de type accord de siĂšge dâune organisation internationale » ne soulĂšvent pas de difficultĂ©. Il dĂ©finit le cadre juridique du stationnement des quartiers gĂ©nĂ©raux interalliĂ©s et accorde une couverture juridique administrative, douaniĂšre et fiscale Ă leurs personnels militaires et civils, ainsi quâĂ leurs ayant droits. Il complĂšte et prĂ©cise la convention de Londres du 19 juin 1951 entre les Ătats parties au TraitĂ© de lâAtlantique Nord sur le statut de leurs forces, dite SOFA OTAN Status Of Force Agreement, sur le statut des forces armĂ©es dâun pays membre de lâAlliance lorsquâelles sont dĂ©ployĂ©es sur le territoire dâun autre Ătat membre. Cette convention nâa jamais Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par la France. De plus, il nâimplique aucune inflexion ni aucun inflĂ©chissement de notre position au sein de lâOTAN. Sa ratification ouvre Ă lâopposĂ© la perspective dâune valorisation sur notre territoire des quartiers gĂ©nĂ©raux et structures militaires françaises certifiĂ©s par lâOTAN et ouverts Ă la multi-nationalitĂ©. Enfin, Ă quelques mois du prochain sommet de lâOTAN, qui aura lieu les 8 et 9 juillet 2016 Ă Varsovie, la France, qui est lâun des trĂšs rares membres de lâAlliance Ă avoir une capacitĂ© militaire opĂ©rationnelle de premier plan, ne peut que gagner Ă conforter son influence au sein de lâAlliance en montrant quâelle est prĂȘte, si nĂ©cessaire, Ă dĂ©velopper ses quartiers gĂ©nĂ©raux en accueillant sur son sol des personnels des armĂ©es alliĂ©es dans les mĂȘmes conditions que les autres Ătats. Au surplus, il faut toujours le rappeler, lâAlliance atlantique est une alliance dĂ©fensive fondĂ©e sur le principe de lâassistance mutuelle en cas dâattaque armĂ©e contre un de ses membres, comme le prĂ©voit lâarticle 5 du traitĂ© de 1949, selon le principe tous pour un, un pour tous ». Câest dans cette perspective que le prĂ©sent projet de loi visant Ă autoriser lâaccession de la France au protocole de Paris, a Ă©tĂ© adoptĂ© par le SĂ©nat, Ă lâissue dâun dĂ©bat en sĂ©ance publique, le 15 mars dernier, sur le rapport de M. Jacques Gautier, sĂ©nateur, vice-prĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation française Ă lâAssemblĂ©e parlementaire de lâOTAN, et quâil revient Ă lâAssemblĂ©e de faire de mĂȘme, sans rĂ©serve. I. UN DĂMARCHE DE COHĂRENCE ET DE CONSĂQUENCEA. LâABOUTISSEMENT DâUN RETOUR ENGAGĂ DĂS 1995LâAlliance atlantique a Ă©tĂ© créée le 4 avril 1949 par le TraitĂ© de Washington. Câest un traitĂ© dâassistance mutuelle en cas dâagression contre lâun de ses membres. Son article 5 dĂ©finit les termes et conditions de cet engagement de dĂ©fense collective. Son dispositif est le suivant Les parties conviennent quâune attaque armĂ©e contre lâune ou plusieurs dâentre elles survenant en Europe ou en AmĂ©rique du Nord sera considĂ©rĂ©e comme une attaque dirigĂ©e contre toutes les parties, et en consĂ©quence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune dâelles, dans lâexercice du droit de lĂ©gitime dĂ©fense, individuelle ou collective, reconnu par lâarticle 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquĂ©es en prenant aussitĂŽt, individuellement et dâaccord avec les autres parties, telle action quâelle jugera nĂ©cessaire, y compris lâemploi de la force armĂ©e, pour rĂ©tablir et assurer la sĂ©curitĂ© dans la rĂ©gion de lâAtlantique Nord ». Pour la France, lâAlliance atlantique a Ă©tĂ© la rĂ©ponse Ă sa demande, dĂšs 1945, dâune garantie amĂ©ricaine dont le dĂ©faut dans lâEntre-deux-guerres est lâune des origines du dĂ©sastre de 1940. Elle en est lâun des membres fondateurs. Rapidement, en avril 1951, a Ă©tĂ© mise en place lâOrganisation du traitĂ© de lâAtlantique Nord, lâOTAN. Notre pays a accueilli son siĂšge, au Palais de Chaillot, puis Ă Dauphine, et la structure de commandement militaire, le Grand quartier gĂ©nĂ©ral des puissances alliĂ©es en Europe GQGPAE ou Supreme Headquarters Allied Powers Europe - SHAPE en anglais, dâabord Ă lâhĂŽtel Astoria Ă Paris, puis Ă Rocquencourt. Le premier commandant suprĂȘme alliĂ© Supreme Allied Commander Europe â SACEUR a Ă©tĂ© le gĂ©nĂ©ral Dwight D. Eisenhower. En 1966, la France se retire du commandement militaire intĂ©grĂ©, aprĂšs avoir retirĂ© la flotte de la MĂ©diterranĂ©e dĂšs 1959, et celle de lâAtlantique en 1962. Comme lâobserve M. Hubert VĂ©drine dans son rapport sur Les consĂ©quences du retour de la France dans le commandement militaire intĂ©grĂ© de lâOrganisation du TraitĂ© de lâAtlantique Nord OTAN, lâavenir de la relation transatlantique et les perspectives de lâEurope de la DĂ©fense », remis au PrĂ©sident de la RĂ©publique le 14 novembre 2012, câest Ă la suite de la fin de non-recevoir Ă la demande de la France, en 1958, dâun directoire Ă trois et dâune approche mondiale de la sĂ©curitĂ©, et câest le moment oĂč le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, PrĂ©sident de la RĂ©publique, fait le choix dâune stratĂ©gie nuclĂ©aire de stricte dissuasion ». Le siĂšge de lâOTAN dĂ©mĂ©nage alors en Belgique, Ă Evere, et le SHAPE aussi, Ă Mons, oĂč il se trouve toujours. Devenu sans objet, le protocole de Paris est dĂ©noncĂ© le 30 mars 1966 avec effet au 31 mars 1967. Pour autant, la France reste membre de lâAlliance et, dĂšs 1967, lâaccord Ailleret-Lemnitzer, conclu entre le chef dâĂ©tat-major des armĂ©es et le SACEUR, prĂ©voit une sĂ©rie de missions françaises de coordination auprĂšs des principaux Ă©tats-majors rĂ©gionaux de lâAlliance. Ă partir des annĂ©es 1990, sâengage le rapprochement de la France avec le commandement intĂ©grĂ©, dâabord sous la prĂ©sidence de François Mitterrand. Puis, Ă partir de 1995, M. Jacques Chirac Ă©tant PrĂ©sident de la RĂ©publique, les ministres de la dĂ©fense participent aux rĂ©unions ministĂ©rielles de lâOTAN, les chefs dâĂ©tat-major français prennent part aux rĂ©unions avec leurs homologues des pays AlliĂ©s, et le reprĂ©sentant militaire français auprĂšs de lâOTAN siĂšge au comitĂ© militaire. Des officiers français servent par ailleurs dĂšs cette date au quartier gĂ©nĂ©ral des forces alliĂ©es en Europe SHAPE, dans les Ă©tats-majors de niveau opĂ©rationnel et dans certains organismes du commandement pour la Transformation Allied Command Transformation â ACT, aprĂšs sa crĂ©ation en 2003. Enfin, en juin 2008, la pleine participation aux structures du commandement intĂ©grĂ©e est annoncĂ©e par le PrĂ©sident de la RĂ©publique, M. Nicolas Sarkozy, au cours des dĂ©bats sur le Livre blanc sur la dĂ©fense nationale, avec deux objectifs dâune part, accroĂźtre notre prĂ©sence et notre influence dans lâAlliance ; dâautre part, faciliter la relance de lâEurope de la dĂ©fense, en levant toute ambiguĂŻtĂ© sur une Ă©ventuelle concurrence entre les deux organisations. Cette dĂ©cision a fait lâobjet dâun vote positif Ă lâAssemblĂ©e nationale en mars 2009, sur la dĂ©claration de politique Ă©trangĂšre du Gouvernement au titre de lâarticle 49-1 de la Constitution. La France annonce officiellement sa pleine participation aux structures militaires de lâOTAN lors du Sommet de Strasbourg-Kehl les 3 et 4 avril 2009. Ce retour a cependant Ă©tĂ© assorti de deux conditions pour permettre Ă la France de prĂ©server sa libertĂ© dâapprĂ©ciation pour contribuer ou non aux opĂ©rations de lâOTAN et pour quâaucune force française ne soit placĂ©e en permanence sous un commandement de lâOTAN en temps de paix. Ainsi, pour les forces armĂ©es françaises, le commandement opĂ©rationnel est toujours exercĂ© par le chef dâĂ©tat-major des armĂ©es. Câest lui qui fixe le cadre des missions donnĂ©es aux armĂ©es. Seul le contrĂŽle opĂ©rationnel peut ĂȘtre donnĂ© au SACEUR ou Ă ses autoritĂ©s subordonnĂ©es sur une dĂ©cision nationale. Ce contrĂŽle opĂ©rationnel nâautorise pas lâautoritĂ© qui le dĂ©tient Ă modifier le cadre des missions, mais seulement Ă employer les forces dans le cadre fixĂ©. La France maintient Ă©galement son choix de ne pas participer au groupe des plans nuclĂ©aires. Sa dissuasion relĂšve, en effet, du principe de lâautonomie stratĂ©gique, ainsi que de la libertĂ© dâapprĂ©ciation, de dĂ©cision et dâaction. Le retour de la France a Ă©tĂ© saluĂ©, puisque lâun des deux commandements stratĂ©giques, avec le poste de commandant suprĂȘme alliĂ© pour la transformation SACT, Ă Norfolk en Virginie Ătats-Unis, a Ă©tĂ© confiĂ© Ă un officier gĂ©nĂ©ral français. Depuis septembre 2009, les gĂ©nĂ©raux StĂ©phane Abrial, Jean-Paul Palomeros puis Denis Mercier, en poste actuellement, sây sont succĂ©dĂ©. La dĂ©cision de pleine participation Ă lâOTAN a depuis Ă©tĂ© confirmĂ©e par les conclusions du rapport prĂ©citĂ© de M. Hubert VĂ©drine et par le Livre blanc sur la dĂ©fense et la sĂ©curitĂ© nationale de 2013, qui a prĂ©cisĂ© que notre stratĂ©gie de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© nationale ne se conçoit pas en dehors du cadre de lâAlliance atlantique et de notre engagement dans lâUnion europĂ©enne ». Par consĂ©quent, lâaccession au Protocole de Paris telle que la propose le Gouvernement est, dans cette perspective, une mesure logique qui va de soi. B. TROIS ĂLĂMENTS SUPPLĂMENTAIRES Ă PRENDRE EN COMPTE 1. La simplicitĂ© administrative et la sĂ©curitĂ© juridiqueLâenjeu de lâaccession au Protocole de Paris se mesure de maniĂšre trĂšs concrĂšte. Il doit permettre la simplicitĂ© et la sĂ©curitĂ© juridique lĂ oĂč rĂšgne actuellement la complexitĂ©. Câest ce quâillustre le cas du quartier gĂ©nĂ©ral du Corps rĂ©action rapideâFrance QG-CRR-Fr de Lille, certifiĂ© par lâOTAN. Lors de sa crĂ©ation en 2006, les Ătats concernĂ©s ont signĂ© un arrangement technique qui prĂ©voit quâil est amendĂ© lorsquâune nouvelle nation rejoint le CRR -Fr ou quâune nation le quitte. Câest un processus continu, car des entrĂ©es et des sorties interviennent rĂ©guliĂšrement. Le tableau dâeffectifs 2016 du CRR-Fr compte 447 postes, dont 359 pour la France et 88 ouverts aux autres nations. Cet arrangement technique est donc renĂ©gociĂ© en permanence. Actuellement, selon les informations communiquĂ©es, le statut fiscal est accordĂ© par la France au personnel militaire Ă©tranger insĂ©rĂ© dans les QG français de rĂ©action rapide dans le Nord, au cas par cas, Ă titre privĂ© et de maniĂšre provisoire. En outre, dans la pratique de lâOTAN, les personnels affectĂ©s Ă un corps de rĂ©action rapide ne relĂšvent pas des catĂ©gories couvertes par la convention de Londres de 1951 dite SOFA OTAN, mais bien de celles couvertes par le protocole de Paris, dont câest lâobjet. Par consĂ©quent, une rĂ©serve des Ătats-Unis a Ă©tĂ© introduite Ă cet arrangement technique prĂ©citĂ© dit Soutien », liant notamment leur participation Ă la garantie dâune application du SOFA OTAN Ă leurs personnels. Lâaccession au protocole de Paris aurait permis dâĂ©viter une telle construction. Elle mettra, en outre, en cohĂ©rence la pratique de la France avec celle de ses alliĂ©s, pour lesquels la non-reconnaissance du statut des personnels affectĂ©s dans les quartiers gĂ©nĂ©raux internationaux prĂ©vu par le protocole de Paris peut constituer un motif dâincertitude. Outre le CRR-Fr, plusieurs Ă©tats-majors accueillent actuellement des troupes alliĂ©s. Tel est le cas du quartier gĂ©nĂ©ral du corps de rĂ©action rapide europĂ©en CRR-E, situĂ© Ă Strasbourg, Ă©galement certifiĂ© par lâOTAN. Des personnels des pays alliĂ©s y sont affectĂ©s. Quelques officiers issus des pays AlliĂ©s sont Ă©galement affectĂ©s au sein de lâĂ©tat-major maritime Ă Toulon FRMARFOR ou aĂ©rien Ă Lyon-Mont-Verdun Core JFACC. 2. Lâinfluence françaiseLâaccession de la France au protocole de Paris permettrait de valoriser les structures militaires françaises, ainsi que de renforcer leur rayonnement, leur attractivitĂ© et, par consĂ©quent, notre influence au sein de lâAlliance. Plusieurs quartiers gĂ©nĂ©raux ou organismes militaires français pourraient se voir accorder, si nĂ©cessaire et si la France le demande, le bĂ©nĂ©fice des dispositions du protocole de Paris. Cela entraĂźnerait une simplification et une harmonisation des rĂšgles et procĂ©dures administratives liĂ©es Ă lâaccueil de personnel de lâOTAN, Ă laquelle nos AlliĂ©s se montrent particuliĂšrement sensibles. Le renforcement de lâattractivitĂ© de notre territoire qui en rĂ©sulterait permettrait de valoriser nos structures nationales et, Ă terme, dâaugmenter notre influence au sein du commandement de lâOTAN. Toute perspective dâune consolidation, voire dâun accroissement de lâinfluence française au sein de lâAlliance, doit ĂȘtre mise en regard avec lâimportance et la qualitĂ© des contributions de la France, depuis la fin de la Guerre froide, aux opĂ©rations de lâOTAN, contributions qui sont le reflet de lâexcellence et de la disponibilitĂ© de nos forces. La France a notamment participĂ© ainsi aux opĂ©rations de gestion de crise suivantes â dans les Balkans, en Bosnie, de 1993 Ă 2004, dans le cadre de lâIFOR puis de la SFOR, puis lors de la campagne aĂ©rienne de lâOTAN en 1999 visant Ă mettre fin aux exactions contre les populations civiles au Kosovo. Au Kosovo, la France a, en outre, contribuĂ© Ă la KFOR, la force de lâOTAN, assurant son commandement Ă trois reprises. DĂ©but 2014, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© du retrait de la composante française ; â en Afghanistan, dĂšs 2001, oĂč elle a apportĂ© une contribution significative Ă la Force internationale dâassistance Ă la sĂ©curitĂ© FIAS, placĂ©e depuis 2003 sous le commandement de lâOTAN. Elle a retirĂ© en 2012 ses forces combattantes, et ne participe pas, en effectifs, Ă la mission de conseil, dâassistance et de formation Resolute Support qui a succĂ©dĂ© au dĂ©but de 2015 Ă la FIAS. La France contribue toutefois, comme pour toutes les opĂ©rations de lâOTAN, au financement de la mission ; â en Libye, dans le cadre de lâopĂ©ration Protecteur UnifiĂ©, en 2011, oĂč elle a Ă©tĂ© lâun des AlliĂ©s les plus engagĂ©s pour protĂ©ger les populations civiles libyennes. Cette perspective dâune influence accrue doit aussi ĂȘtre mesurĂ©e au regard de la participation française au budget de lâOTAN, par le biais de contributions directes, qui couvrent les dĂ©penses communes lorsquâelles servent les intĂ©rĂȘts des vingt-huit membres et nâincombent Ă aucun dâentre eux en particulier. Ces dĂ©penses sont supportĂ©es collectivement suivant le principe du financement commun. La France y contribue Ă hauteur de 10,63 %. Elle est le troisiĂšme contributeur aux budgets militaires, aprĂšs les Ătats-Unis 22,14 % et lâAllemagne 14,65 %, mais devant le Royaume-Uni 9,84 % et lâItalie 8,41 %. Ce mode de financement recouvre les deux sources de financement des quartiers gĂ©nĂ©raux le budget militaire coĂ»ts dâexploitation et de maintenance des quartiers gĂ©nĂ©raux et le programme OTAN dâinvestissement au service de la sĂ©curitĂ© dĂ©penses dâinfrastructure des quartiers gĂ©nĂ©raux. 3. Lâabsence dâincidence et ainsi dâinflexion sur notre positionnement vis-Ă -vis de lâOTANComme lâa prĂ©cisĂ© le secrĂ©taire dâĂtat aux affaires Ă©trangĂšres, M. AndrĂ© Vallini, lors de lâexamen du projet de loi en sĂ©ance publique le 15 mars, au SĂ©nat, il faut se garder de donner Ă lâaccession au protocole de Paris une portĂ©e quâelle nâa pas. Celle-ci nâaffecte en rien notre position vis-Ă -vis de lâOTAN. Ainsi, le protocole de Paris ne remet en cause aucune des conditions, dĂ©jĂ Ă©voquĂ©es, mises Ă la rĂ©intĂ©gration en 2009. Il nâimplique aucun inflĂ©chissement de notre position au sein de lâOTAN oĂč la France continuera de faire entendre la voix dâun alliĂ© loyal, solidaire, mais indĂ©pendant ». Il nâamoindrit en aucun cas ses ambitions pour lâEurope de la dĂ©fense, celle de la structuration toujours plus forte et substantielle de la dimension europĂ©enne de lâAlliance. Il ne porte pas non plus atteinte Ă lâautonomie et Ă lâindĂ©pendance de la politique de dĂ©fense de la France, et ne porte non plus aucune atteinte Ă sa souverainetĂ©. 4. Une nĂ©gociation sans difficultĂ© Les nĂ©gociations en vue dâune nouvelle accession de la France au protocole de Paris ont dĂ©butĂ© en septembre 2014, en marge du Sommet de lâOTAN du Pays de Galles. Dans la mesure oĂč la France Ă©tait Partie au protocole jusquâen 1967, et avait rĂ©intĂ©grĂ© la structure de commandement de lâOtan en 2009, elles se sont dĂ©roulĂ©es sans difficultĂ©. La dĂ©cision française a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâOTAN, M. Jens Stoltenberg, par courrier du 21 janvier 2015, ainsi quâau Conseil de lâAtlantique Nord, conformĂ©ment Ă la procĂ©dure prĂ©vue par lâarticle XVIII de la convention de Londres SOFA OTAN auquel renvoie lâarticle 16 du protocole de Paris. Elle a Ă©tĂ© aussitĂŽt saluĂ©e et a recueilli le soutien unanime des vingt-sept autres membres de lâAlliance, ainsi que le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâOTAN en a pris acte par courrier en date du 28 janvier 2015. II. UN ACCORD TECHNIQUE CLASSIQUE, QUI NE SOULĂVE AUCUNE DIFFICULTĂA. LE CHAMP DâAPPLICATION LES QUARTIERS GĂNĂRAUX MILITAIRES INTERALLIĂS, LEURS PERSONNELS ET LEURS PERSONNES Ă CHARGE1. Les structures civiles et militaires de lâOTAN et leurs statutsa. Les structures de lâOTANLes structures de lâOTAN sont pour certaines civiles, pour dâautres militaires. Si lâon excepte les Sommets rĂ©unissant les chefs dâĂtat et de Gouvernement et les rĂ©unions au niveau ministĂ©riel, le Conseil de lâAtlantique Nord est la principale instance de dĂ©cision politique de lâOTAN. Il est composĂ© des reprĂ©sentants permanents de chaque pays membre, qui ont rang dâambassadeur et se rĂ©unissent pour examiner des questions dâordre politique ou opĂ©rationnel nĂ©cessitant des dĂ©cisions collectives. Il est aussi le cadre permettant de procĂ©der Ă de larges consultations sur tous les sujets touchant Ă la paix et Ă la sĂ©curitĂ© des pays membres. Le groupe des plans nuclĂ©aires, dont la France ne fait pas partie, a pour tĂąche dâexaminer la politique nuclĂ©aire de lâAlliance Ă la lumiĂšre de lâĂ©volution de lâenvironnement de sĂ©curitĂ©. Il rĂ©unit les ministres de la dĂ©fense de tous les Ătats membres, Ă lâexception de la France. Le comitĂ© des plans de dĂ©fense est la plus haute instance dĂ©cisionnelle sur les questions relatives Ă la structure militaire intĂ©grĂ©e de lâAlliance. Les Ă©lĂ©ments constitutifs de lâorganisation militaire de lâOTAN sont â le comitĂ© militaire, qui rassemble les chefs dâĂ©tat-major de la dĂ©fense des Ătats membres de lâOTAN, et qui donne aux commandants stratĂ©giques des orientations concernant les affaires militaires ; â lâĂtat-major militaire international, qui est lâorgane exĂ©cutif du comitĂ© militaire ; â le commandement militaire, selon la structure qui suit. Au niveau stratĂ©gique, il y a deux commandements â le commandement alliĂ© OpĂ©rations ACO, dont le quartier gĂ©nĂ©ral SHAPE est comme on lâa vu, Ă Mons. Il est dirigĂ© par le commandant suprĂȘme des forces alliĂ©es en Europe SACEUR. Le SACEUR est traditionnellement un amĂ©ricain, car il est en mĂȘme temps le commandant en chef des forces des Ătats-Unis en Europe. Câest actuellement le gĂ©nĂ©ral Philip M. Breedlove ; â le commandement alliĂ© Transformation ACT, situĂ© Ă Norfolk, en Virginie, dirigĂ© par le commandant suprĂȘme alliĂ© Transformation SACT, qui est actuellement le gĂ©nĂ©ral français Denis Mercier. ACO est responsable de toutes les opĂ©rations de lâAlliance, depuis le dĂ©troit de Gibraltar jusquâen Afghanistan. ACT mĂšne de nombreuses initiatives visant Ă la transformation de la structure, des forces, des capacitĂ©s et de la doctrine militaires de lâOTAN. Ses responsabilitĂ©s principales englobent la formation, lâentraĂźnement et les exercices, ainsi que la conduite dâexpĂ©riences destinĂ©es Ă Ă©valuer de nouveaux concepts, de mĂȘme que la promotion de lâinteropĂ©rabilitĂ© Ă lâĂ©chelle de lâAlliance. Ensuite, au deuxiĂšme niveau, ou niveau opĂ©rationnel, on trouve des commandements de forces interarmĂ©es Joint Force Commands â JFC permanents â Ă Brunssum Pays-Bas, et Ă Naples Italie â tous deux capables de conduire des opĂ©rations Ă partir de leurs emplacements fixes ou de mettre en place un QG de groupes de forces interarmĂ©es multinationales GFIM basĂ© Ă terre. Le commandement de forces interarmĂ©es de Brunssum a ainsi servi de quartier gĂ©nĂ©ral, sauf pour la composante Mer, Ă la FIAS en Afghanistan, et le commandement de forces interarmĂ©es de Naples sert de quartier gĂ©nĂ©ral pour les opĂ©rations de lâOTAN dans les Balkans. Le troisiĂšme niveau, niveau des composantes ou niveau tactique, comprend trois commandements de composante de forces interarmĂ©es Single Service Commands â SCCs, qui fournissent aux Ă©lĂ©ments de niveau opĂ©rationnel, des quartiers gĂ©nĂ©raux propres aux diffĂ©rentes armĂ©es Terre, Mer ou Air. Bien que ces commandements de composante soient habituellement subordonnĂ©s Ă lâun des commandants de forces interarmĂ©es, ils peuvent ĂȘtre affectĂ©s aux opĂ©rations placĂ©es sous un autre commandement lorsque la situation lâexige. Le quartier gĂ©nĂ©ral Air HQ AIRCOM est situĂ© Ă Ramstein, en Allemagne. Le quartier gĂ©nĂ©ral Mer HQ MARCOM est situĂ© Ă Northwood, au Royaume-Uni, et le quartier gĂ©nĂ©ral terre HQ LANDCOM est Ă©tabli Ă Izmir, en Turquie. b. La convention de Londres de 1951 SOFA OTAN sur le stationnement des forces armĂ©esCâest la convention entre les Ătats Parties au TraitĂ© de lâAtlantique Nord sur le statut de leurs forces SOFA OTAN, signĂ©e Ă Londres le 19 juin 1951, qui dĂ©termine le statut des forces armĂ©es des Parties lorsque celles-ci se trouvent en service sur le territoire mĂ©tropolitain dâune autre Partie. La convention de Londres SOFA OTAN fixe notamment les modalitĂ©s dâentrĂ©e et de sortie du territoire article III, de lâutilisation du permis de conduire article IV et du port de lâuniforme et des armes articles V et VI. Elle prĂ©voit Ă©galement les conditions dâexercice de la compĂ©tence juridictionnelle des Ătats article VII, les modalitĂ©s de rĂšglement des dommages article VIII, ainsi que les dispositions applicables en matiĂšres douaniĂšres et fiscales articles X Ă XIII. Le protocole de Paris est complĂ©mentaire Ă la convention SOFA-OTAN, car il fixe les rĂšgles relatives aux quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux. c. La convention dâOttawa de 1951 sur le statut de lâOTANLe Protocole de Paris est Ă©galement complĂ©mentaire Ă la convention dâOttawa du 20 septembre 1951 sur le statut de lâOrganisation du TraitĂ© de lâAtlantique Nord, des reprĂ©sentants nationaux et du personnel international, Ă laquelle la France est Ă©galement partie. Celle-ci ne sâapplique pas aux quartiers gĂ©nĂ©raux. Cette convention dĂ©finit le statut, les privilĂšges et immunitĂ©s de lâOrganisation du TraitĂ© de lâAtlantique Nord â en tant quâorganisation internationale â, de son personnel international et des reprĂ©sentants des Ătats membres assistant aux rĂ©unions de lâOTAN, pour exercer leurs fonctions et remplir leur mission. 2. Le protocole de Paris un texte spĂ©cifique aux quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux a. Une mise en Ćuvre, avec des adaptations, de la convention SOFA OTAN Lâarticle 1er du Protocole de Paris Ă©tant rĂ©servĂ© aux dĂ©finitions, câest son lâarticle 2 qui fixe son objet il sâagit dâappliquer aux quartiers gĂ©nĂ©raux militaires interalliĂ©s la convention de Londres de 1951, sous rĂ©serve des dispositions ci-aprĂšs du prĂ©sent protocole », câest-Ă -dire avec toutes les prĂ©cisions, clarifications et adaptations nĂ©cessaires. Les autres articles du protocole font dâailleurs largement rĂ©fĂ©rence Ă cette convention. b. Son champ dâapplication les quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux, ainsi que leurs personnels civils et militairesLes termes quartier gĂ©nĂ©ral militaire international » renvoient Ă la dĂ©finition du Protocole de Paris, au c de lâarticle 1er. Sa rĂ©daction est la suivante Par Quartier gĂ©nĂ©ral interalliĂ© » , on entend tout quartier gĂ©nĂ©ral suprĂȘme et tout quartier gĂ©nĂ©ral militaire international créé en vertu du TraitĂ© de lâAtlantique Nord et directement subordonnĂ© Ă un quartier gĂ©nĂ©ral suprĂȘme ». Sont ainsi prĂ©cisĂ©ment concernĂ©s les Ă©tats-majors militaires de lâOTAN quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux ». Il sâagit, comme on lâa vu, soit de SHAPE ACO et dâACT, soit des Ă©tats-majors immĂ©diatement subordonnĂ©s au niveau opĂ©rationnel ou au niveau tactique JFCs, SSCs En outre, le paragraphe 1 de lâarticle 14 prĂ©voit que le Conseil de lâAtlantique Nord peut dĂ©cider dâappliquer tout ou partie du Protocole Ă tout quartier gĂ©nĂ©ral militaire international » ou Ă toute organisation militaire internationale » instituĂ©s par le TraitĂ© de lâAtlantique Nord, mais qui ne rĂ©pondraient pas aux dĂ©finitions de lâarticle 1er. Si le terme quartier gĂ©nĂ©ral militaire international » renvoie Ă la dĂ©finition de lâarticle 1er du Protocole de Paris, lâexpression organisation militaire internationale » est plus large et a vocation Ă englober toutes les structures militaires dotĂ©es dâun effectif multinational. Actuellement, la France nâa sur son territoire aucun quartier gĂ©nĂ©ral interalliĂ© ni aucune structure assimilĂ©e. Cela pourrait changer Ă lâavenir, car elle dispose de commandement et de structures certifiĂ©es par lâOTAN et ouvertes Ă la multi-nationalitĂ©, comme on le verra au D ci-aprĂšs. B. DES DISPOSITIONS ADMINISTRATIVES, FISCALES ET TECHNIQUESLe Protocole de Paris comprend 16 articles, dont la plupart sâappuient sur la convention de Londres de 1951 SOFA OTAN. Il sâagit de clauses classiques. 1. Le statut des quartiers gĂ©nĂ©rauxLe protocole de Paris fixe pour les quartiers gĂ©nĂ©raux des rĂšgles similaires Ă celles applicables aux organisations internationales dans les accords de siĂšge. Lâarticle 4 fixe ainsi les droits et obligations des quartiers gĂ©nĂ©raux vis-Ă -vis de leurs personnels civils et militaires Il sâagit des privilĂšges et prioritĂ©s de juridiction. Son dispositif prĂ©cise ainsi les modalitĂ©s du transfert des droits et obligation que la convention de Londres SOFA OTAN confĂšre et impose Ă un Ătat dâorigine ou Ă ses autoritĂ©s au sujet de ses forces, de ses Ă©lĂ©ments civils ou de leurs personnes Ă charge, au quartier gĂ©nĂ©ral suprĂȘme et Ă ses autoritĂ©s subordonnĂ©es. La capacitĂ© juridique des quartiers gĂ©nĂ©raux est prĂ©cisĂ©e â lâarticle 10 la confĂšre Ă chaque quartier gĂ©nĂ©ral et lui permet par consĂ©quent de contracter, dâacquĂ©rir et dâaliĂ©ner. Lâexercice de cette capacitĂ© peut cependant ĂȘtre soumis Ă des accords particuliers ; â lâarticle 11 permet Ă un quartier gĂ©nĂ©ral dâester en justice et lui reconnait une large immunitĂ© en matiĂšre de mesures dâexĂ©cution, sauf pour la recherche de preuves dâinfraction et pour les infractions douaniĂšres et fiscales. Les exonĂ©rations fiscales et douaniĂšres, prĂ©vues Ă lâarticle 8, sont similaires Ă celles des autres organisations internationales. Les quartiers gĂ©nĂ©raux sont exonĂ©rĂ©s, dans la mesure du possible, des droits et taxes affĂ©rents aux dĂ©penses supportĂ©es par eux dans lâintĂ©rĂȘt de la dĂ©fense commune et pour leur avantage officiel et exclusif. Les Ătats Parties sont invitĂ©s Ă nĂ©gocier avec les quartiers gĂ©nĂ©raux Ă©tablis sur leur territoire des accords complĂ©mentaires dĂ©taillant la mise en Ćuvre de ce principe. Les exonĂ©rations douaniĂšres prĂ©vues Ă lâarticle XI du SOFA OTAN sont applicables aux quartiers gĂ©nĂ©raux interalliĂ©s. Lâarticle 9 porte sur la liquidation des avoirs acquis et la restitution du foncier et des infrastructures, lorsquâils ont cessĂ© dâĂȘtre nĂ©cessaires Ă un quartier gĂ©nĂ©ral interalliĂ©. Le produit de la liquidation est rĂ©parti entre les Parties au TraitĂ© de lâAtlantique Nord au prorata de leurs contributions aux dĂ©penses en capital de ce quartier gĂ©nĂ©ral. Les terrains, bĂątiments ou installations mis Ă disposition par lâĂtat de sĂ©jour sont alors rendus Ă celui-ci et toute plus ou moins-value des biens immobiliers rĂ©partie selon les mĂȘmes modalitĂ©s. Lâarticle 13 pose le principe de lâinviolabilitĂ© des archives et autres documents officiels, conservĂ©s dans les locaux dâun quartier gĂ©nĂ©ral ou dĂ©tenus par une personne dĂ»ment autorisĂ©e. Lâarticle 5 prĂ©voit la dĂ©livrance de cartes dâidentitĂ©s personnelles par le quartier gĂ©nĂ©ral, lesquelles doivent ĂȘtre produites Ă toute rĂ©quisition. Lâarticle 6 prĂ©cise les conditions dâapplication, dans le contexte des quartiers gĂ©nĂ©raux interalliĂ©s, de lâarticle VIII de la convention de Londres SOFA OTAN relatif au rĂšglement des dommages occasionnĂ©s ou subis sur le territoire de lâĂtat de sĂ©jour. Lâarticle 12 autorise un quartier gĂ©nĂ©ral interalliĂ© Ă dĂ©tenir des devises et Ă avoir des comptes dans nâimporte quelle monnaie. JustifiĂ©e Ă lâĂ©poque du contrĂŽle des changes en Europe, cette disposition est maintenant trĂšs datĂ©e, mĂȘme si son maintien ne crĂ©e aucune difficultĂ©. 2. La couverture juridique des personnes civils et militaires, et de leurs ayant droitsLâarticle 4 du protocole prĂ©voit que les personnels affectĂ©s aux quartiers gĂ©nĂ©raux bĂ©nĂ©ficient des privilĂšges, et prioritĂ©s de juridiction, mentionnĂ©s Ă lâarticle VII de la convention de Londres SOFA OTAN, mais que les pouvoirs de juridiction normalement dĂ©volus Ă lâĂtat dâorigine en matiĂšre pĂ©nale et disciplinaires, les concernant, sont transfĂ©rĂ©s aux autoritĂ©s de lâĂtat dont la loi militaire sâapplique Ă lâintĂ©ressĂ©. Les obligations imposĂ©es par la convention de Londres SOFA OTAN en matiĂšre dâarrestation, dâenquĂȘtes, de recherche de preuves, de rĂšglement des indemnitĂ©s, de droits, taxes et amendes incombent Ă la fois au quartier gĂ©nĂ©ral interalliĂ© et Ă lâĂtat dâorigine. Sâagissant du traitement des demandes dâindemnitĂ©, prĂ©vu au d de lâarticle 4, pour des actes dommageables commis en dehors de lâexĂ©cution du service ou pour lâusage non autorisĂ© de tout vĂ©hicule des forces armĂ©es, les obligations en principe imposĂ©es Ă lâĂtat dâorigine incombent en lâespĂšce Ă lâĂtat qui dispose des forces armĂ©es auxquelles lâintĂ©ressĂ© appartient ou Ă dĂ©faut dâun tel Ătat, au quartier gĂ©nĂ©ral interalliĂ© dont il relĂšve. Lâarticle 7 fixe les conditions dans lesquelles les exonĂ©rations fiscales prĂ©vues Ă lâarticle X de la convention de Londres SOFA OTAN sont applicables aux membres des forces et de lâĂ©lĂ©ment civil affectĂ©s Ă un QG, et Ă leurs personnes Ă charge. LâexonĂ©ration dans lâĂtat de sĂ©jour permet lâimposition dans lâĂtat de la nationalitĂ©. Lâarticle 8 prĂ©cise les exonĂ©rations douaniĂšres. Le personnel affectĂ© Ă un quartier gĂ©nĂ©ral peut Ă©galement importer en franchise temporaire de droits dans lâĂtat de sĂ©jour ses effets, un vĂ©hicule et son mobilier personnels. Ces franchises ne sâappliquent en principe pas aux ressortissants de lâĂtat de sĂ©jour. Actuellement, selon les chiffres communiquĂ©s par le ministĂšre de la dĂ©fense au rapporteur du SĂ©nat, M. Jacques Gautier, 1 485 militaires issus de pays de lâOTAN sont affectĂ©s en France, dont â 210 militaires affectĂ©s dans les Ă©tats-majors, les forces ou en coopĂ©ration de formation ; â 30 militaires Ă©lĂšves ou auditeurs dans les Ă©coles ; â 49 militaires affectĂ©s dans les missions de dĂ©fense statut diplomatique ; â 546 affectĂ©s au sein du corps europĂ©en statut traitĂ© de Strasbourg » pour le personnel de lâUnion europĂ©enne ; â 500 au sein du bataillon allemand basĂ© Ă Illkirch qui nâest pas une structure OTAN ; â 150 Ă lâĂcole de formation de Le Luc en Provence qui nâest pas une structure OTAN. Parmi eux, 240 militaires seraient susceptibles de bĂ©nĂ©ficier du protocole de Paris. 3. Le rĂšglement des diffĂ©rends et les dispositions finalesLâarticle 15 du protocole prĂ©voit que les contestations relatives Ă lâinterprĂ©tation ou Ă lâapplication du protocole sont rĂ©glĂ©es par la nĂ©gociation directe entre les Parties, sans recours Ă une juridiction extĂ©rieure. Les questions qui ne peuvent ĂȘtre rĂ©glĂ©es de cette maniĂšre sont portĂ©es devant le Conseil de lâAtlantique Nord, sauf disposition contraire. Pour ce qui concerne les dispositions finales, lâarticle 16 du protocole prĂ©voit que les articles XV et XVII Ă XX de la convention de Londres SOFA OTAN soient applicables au prĂ©sent protocole comme sâils en Ă©taient partie intĂ©grante. Il prĂ©cise aussi que le Protocole pourra ĂȘtre complĂ©tĂ© par des accords bilatĂ©raux entre lâĂtat de sĂ©jour et un quartier gĂ©nĂ©ral suprĂȘme. Lâarticle XV de la convention de Londres SOFA OTAN est relatif Ă son maintien en vigueur en cas dâhostilitĂ©s entraĂźnant lâapplication des dispositions du TraitĂ© de lâAtlantique Nord. Lâarticle XVII prĂ©voit la possibilitĂ© de rĂ©viser tout article, Ă tout moment, en adressant une demande au Conseil de lâAtlantique Nord. Lâarticle XVIII concerne les modalitĂ©s de ratification et dâentrĂ©e en vigueur tandis que lâarticle XIX traite de sa dĂ©nonciation, et fixe un dĂ©lai de prĂ©avis dâun an. Enfin, lâarticle XX pose le principe dâune application territoriale limitĂ©e au territoire mĂ©tropolitain des Ătats parties contractante et encadre la possibilitĂ© dâune extension Ă un territoire dont lâĂtat en question assure les relations internationales dans la rĂ©gion de lâAtlantique Nord. C. UNE RATIFICATION NĂCESSAIREMENT PAR VOIE LĂGISLATIVEAu regard de lâarticle 53 de la Constitution, qui prĂ©voit que les traitĂ©s ou accords ⊠qui modifient des dispositions de nature lĂ©gislative ⊠ne peuvent ĂȘtre ratifiĂ©s ou approuvĂ©s quâen vertu dâune loi », lâaccession de la France au protocole sur le statut des quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux créé en vertu du traitĂ© de lâAtlantique Nord est nĂ©cessaire. Celui-ci porte, en effet, sur la matiĂšre lĂ©gislative. Il Ă©tend, comme on lâa vu, avec des adaptations et prĂ©cisions, lâapplication de la convention de Londres SOFA OTAN, et notamment ses privilĂšges fiscaux ou ses privilĂšges et prioritĂ©s de juridiction, aux quartiers gĂ©nĂ©raux interalliĂ©s, ainsi quâĂ leurs personnels civils et militaires. Tous les Ătats membres de lâOTAN, Ă lâexception du Canada, ont signĂ© et ratifiĂ© le Protocole de Paris. Le Canada a signĂ© le Protocole de Paris le 28 aoĂ»t 1952, mais ne lâa pas ratifiĂ©. Sa situation gĂ©ographique est trĂšs spĂ©cifique au sein de lâAlliance. Pour la France, une ratification avant le prochain Sommet de lâOTAN, qui aura lieu Ă Varsovie les 8 et 9 juillet prochains, est opportune. En aoĂ»t 1954, la ratification avait Ă©galement Ă©tĂ© lĂ©gislative, lâAssemblĂ©e nationale suivant ainsi Ă une trĂšs large majoritĂ©, de 516 contre 100, lâavis favorable du rapporteur, le gĂ©nĂ©ral Pierre Billotte. D. UNE APPLICATION ĂVENTUELLE Ă CERTAINS QUARTIERS GĂNĂRAUX ET CERTAINES STRUCTURES EN FRANCE, MAIS APRĂS UNE DĂCISION EXPLICITE AU CAS PAR CAS Lâaccession au protocole de Paris nâentraĂźnera pas de façon automatique et directe lâapplication de ce texte aux quartiers gĂ©nĂ©raux français certifiĂ©s par lâOTAN. Il faut, en effet, une dĂ©cision spĂ©cifique conformĂ©ment Ă lâarticle 14 qui prĂ©voit, comme on lâa vu, que le Conseil de lâAtlantique Nord peut dĂ©cider dâappliquer tout ou partie du protocole Ă tout quartier gĂ©nĂ©ral militaire international » ou Ă toute organisation militaire internationale » instituĂ©s par le TraitĂ© de lâAtlantique Nord, mais qui ne rĂ©pondraient pas aux dĂ©finitions de lâarticle 1. Lâexpression organisation militaire internationale » est assez large et a vocation Ă englober toutes les structures militaires dotĂ©es dâun effectif multinational. Ainsi, les structures multinationales situĂ©es en France pourraient faire Ă lâavenir, si nĂ©cessaire, lâobjet dâune dĂ©cision dite dâactivation » par le Conseil de lâAtlantique Nord. Il appartiendra alors Ă la France de formuler, le moment venu de telles demandes, Ă©tant rappelĂ© que la dĂ©cision au sein du Conseil de lâAtlantique Nord de lâOTAN intervient par consensus. Lâaccession au protocole de Paris nâimplique donc pas que ce dernier sâapplique de façon automatique aux structures situĂ©es en France, mais ouvre une facultĂ© qui peut ne pas manquer dâintĂ©rĂȘt. En lâĂ©tat, la liste des quartiers gĂ©nĂ©raux et structures susceptibles de faire lâobjet dâune Ă©ventuelle demande dâactivation est la suivante. CertifiĂ© par lâOTAN, le quartier gĂ©nĂ©ral du Corps de rĂ©action rapide-France CRR-Fr peut, sur dĂ©cision du Conseil de lâAtlantique Nord et conformĂ©ment aux procĂ©dures en vigueur Ă lâOTAN, ĂȘtre dĂ©ployĂ© pour un exercice ou pour une mission opĂ©rationnelle dĂ©cidĂ©e par lâOTAN. Il peut Ă©galement lâĂȘtre pour des exercices et opĂ©rations dirigĂ©es par lâUnion europĂ©enne, sur dĂ©cision du Conseil de lâUnion europĂ©enne, ou ĂȘtre engagĂ© dans une opĂ©ration dĂ©cidĂ©e par la nation cadre la France de son propre chef. Le QG CRR-Fr ne doit pas cesser dâĂȘtre Ă disposition de lâOTAN, ou employĂ© autrement, sans que le SACEUR nâen soit averti au prĂ©alable. Le tableau dâeffectif 2016 du CRR-Fr comporte 447 postes, dont 359 France et 88 ouverts Ă la multinationalitĂ©. Outre la France qui est nation cadre, 12 autres nations contribuent au CRR-Fr Belgique 16, Allemagne 13, Etats-Unis 11, Royaume-Uni 10, Pays-Bas 6, Italie 5, Espagne 3, Hongrie 3, GrĂšce 2, Roumanie 2, Turquie 2, Albanie 1. Des discussions sont en cours avec plusieurs autres nations qui pourraient rejoindre le CRR-FR Ă moyen terme, dont notamment le Canada et la Pologne. Le quartier gĂ©nĂ©ral du Corps de rĂ©action rapide europĂ©en CRR-E, situĂ© Ă Strasbourg, est Ă©galement certifiĂ© par lâOTAN. L'emploi du Corps europĂ©en en opĂ©ration relĂšve dâune dĂ©cision des cinq nations cadres. Un comitĂ© commun, composĂ© des chefs dâĂ©tat-major de la dĂ©fense et des directeurs politiques du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres de chacune de ces nations, se rĂ©unit annuellement pour prendre toutes les dĂ©cisions majeures concernant lâEurocorps. Le corps europĂ©en nâest subordonnĂ© Ă aucune organisation militaire. Câest le comitĂ© qui Ă©value les demandes dâaide dâorganisations multinationales comme lâUnion europĂ©enne, dans le cadre de politique de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense commune, et lâOTAN. Le corps europĂ©en peut Ă©galement ĂȘtre dĂ©ployĂ© au profit des nations cadres. Au 21 janvier 2016, les effectifs du corps europĂ©en Ă©taient les suivants France 230 ; Allemagne 188 ; Espagne 131 ; Belgique 107 ; Luxembourg 2 ; GrĂšce 2 Italie 2 Pologne 111 ; Turquie 3. Le quartier gĂ©nĂ©ral de la force aĂ©romaritime française de rĂ©action rapide FRMARFOR est un Ă©tat-major opĂ©rationnel. Son contrat opĂ©rationnel lui prescrit de pouvoir gĂ©nĂ©rer en tout temps un des Ă©tats-majors tactiques capables de planifier et de conduire des opĂ©rations maritimes dans un cadre national, europĂ©en ou OTAN. Il faut aussi mentionner le centre dâexcellence, quâest le centre d'analyse et de simulation pour la prĂ©paration aux opĂ©rations aĂ©riennes CASPOA, qui a pour mission la formation et lâentrainement aux structures, outils et procĂ©dures de commandement et de contrĂŽle C2, dans le domaine des opĂ©rations aĂ©riennes. Ses formations sâadressent au personnel des armĂ©es françaises provenant en grande majoritĂ© de lâarmĂ©e de lâair, au personnel OTAN, et Ă la plupart des pays avec lesquels la France entretient un partenariat stratĂ©gique. Le centre forme environ un millier de stagiaires par an. Cette unitĂ© est composĂ©e aujourdâhui de 37 personnes, dont trois officiers Ă©trangers un Allemand, un Italien et un AmĂ©ricain. En 2007, le CASPOA a obtenu le label de Centre dâExcellence de lâOTAN dans le domaine du C2 Air. Câest aujourdâhui le seul centre dâexcellence OTAN en France. Ă ce titre, le CASPOA participe aux travaux doctrinaux et de transformation de lâAlliance dans son domaine dâexpertise. Le CASPOA est localisĂ© Ă Lyon-Mont-Verdun avec le JFACC, Ă©tat-major opĂ©ratif aĂ©rien pour la planification et la conduite des opĂ©rations aĂ©riennes. Cet Ă©tat-major, certifiĂ© par lâOTAN, accueille aujourdâhui 3 officiers Ă©trangers un Belge, un Britannique et un Canadien. Compte tenu de ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments, votre rapporteur ne peut que se prononcer en faveur dâune nouvelle accession de la France au protocole de Paris et recommander ainsi lâadoption du prĂ©sent projet de loi. EXAMEN EN COMMISSION La commission examine le prĂ©sent projet de loi au cours de sa sĂ©ance du mardi 29 mars 2016, Ă 17h00. AprĂšs lâexposĂ© du rapporteur et suivant son avis, la commission adopte le projet de loi n° 3578 sans modification. ANNEXE N° 1 LISTE DES PERSONNES AUDITIONNĂES NĂ©ant ANNEXE TEXTE DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ĂTRANGĂRES Article unique Non modifiĂ© Est autorisĂ©e lâaccession de la France au protocole sur le statut des quartiers gĂ©nĂ©raux militaires internationaux créés en vertu du TraitĂ© de lâAtlantique Nord, signĂ© Ă Paris le 28 aoĂ»t 1952, et dont le texte est annexĂ© Ă la prĂ©sente loi. NB Le texte du protocole figure en annexe au projet de loi n° 3578© AssemblĂ©e nationale
Accueil Le contenu de cette fiche est canon. Fonction Ile mythique disparue PrĂ©sentation L'Atlantide, dĂ©signĂ©e Ă©galement sous le nom grec Atlantis, est une Ăźle mythique situĂ©e Ă l'ouest des Colonnes d'Hercule DĂ©troit de Gibraltar et Ă©voquĂ©e par le philosophe grec Platon dans deux de ses Ćuvres, le TimĂ©e et le Critias. Ce lieu lĂ©gendaire donna son nom Ă l'ocĂ©an Atlantique et ses habitants Ă©taient appelĂ©s les Atlantes. D'aprĂšs Platon, cette Ăźle dĂ©diĂ©e Ă PosĂ©idon connut un Ăąge d'or pacifique puis Ă©volua progressivement vers une thalassocratie conquĂ©rante dont l'expansion fut arrĂȘtĂ©e par AthĂšnes. L'Ăźle fut par la suite engloutie par les flots en punition des vices et de l'orgueil de ses habitants dans un cataclysme provoquĂ© Ă l'instigation de Zeus. Si le mythe a Ă©tĂ© peu commentĂ© et a eu peu d'influence durant l'AntiquitĂ©, il a suscitĂ© un intĂ©rĂȘt croissant Ă partir de la Renaissance. Au-delĂ de sa portĂ©e philosophique et politique, il a depuis donnĂ© naissance Ă de nombreuses hypothĂšses. Certains auteurs affirment que l'Atlantide est un lieu qui aurait rĂ©ellement existĂ© et qu'il serait possible de localiser. Dans le mĂȘme temps, l'Atlantide inspire de nombreuses interprĂ©tations Ă©sotĂ©riques, allĂ©goriques ou encore patriotiques qui ont donnĂ© lieu Ă une abondante littĂ©rature. L'Atlantide demeure un thĂšme fertile Ă travers les arts, en particulier de nos jours, dans les genres liĂ©s au merveilleux et au fantastique, comme la fantasy, le pĂ©plum, ou la science-fiction. Histoire Le mythe de l'Atlantide selon Platon L'histoire de l'Atlantide puise son origine dans deux Ćuvres du philosophe athĂ©nien Platon 428 Ă 348 avant le TimĂ©e et le Critias, qui sont prĂ©sentĂ©s comme une suite de La RĂ©publique et ont pour objet d'illustrer, Ă travers ce rĂ©cit, les vertus des citoyens idĂ©aux suivant Socrate, montrant comment une AthĂšnes vertueuse est venue Ă bout d'un ennemi malfaisant. Platon, inventeur » de l'Atlantide, y confronte deux images de la CitĂ© au travers de l'affrontement de deux d'entre elles, en des temps immĂ©moriaux. L'une - AthĂšnes - vouĂ©e Ă la justice, l'autre - Atlantis - Ă la dĂ©mesure. Selon Platon, dans Critias, lorsque les dieux se partagĂšrent le monde, AthĂ©na, la dĂ©esse de la guerre et de la sagesse, reçut la citĂ© d'AthĂšnes et PosĂ©idon, le dieu de la mer, Atlantis, traduit en français par Atlantide », pays des Atlantes. Cette derniĂšre est dĂ©crite comme Ă©tant une immense Ăźle situĂ©e Ă l'ouest des colonnes d'Hercule, une rĂ©gion fabuleuse, aux contours indĂ©terminĂ©s, bordĂ©e du royaume CimmĂ©rien au Nord et par le jardin des HespĂ©rides ou l'Ăźle des Bienheureux au Sud. L'Atlantide, Ăźle mythique perdue au-delĂ des colonnes d'Hercule Dans ce lieu mythique, PosĂ©idon s'y unit avec ClitĂŽ, une jeune mortelle autochtone, qui enfante cinq lignĂ©es de jumeaux masculins qui se partagĂšrent l'Ăźle, dessinĂ©e et organisĂ©e par leur gĂ©niteur divin en dix royaumes dont ils deviennent les premiers souverains. L'Ăźle tire elle-mĂȘme son nom de l'aĂźnĂ© d'entre eux, Atlas, tout comme la mer qui l'entoure, l'Atlantique. GouvernĂ©s par des souverains sages et modĂ©rĂ©s, eux-mĂȘmes descendants d'Atlas, les Atlantes, justes et vertueux, connaissent sur leur Ăźle un Ăąge d'or qui les amĂšne Ă Ă©difier une citĂ© idĂ©ale. En effet, les Atlantes exploitĂšrent les richesses naturelles - cuivre, fer, or-, fondĂšrent des villes et s'Ă©tablirent dans des palais enchanteurs, bĂątirent autour de leur citĂ© des murailles et des canaux, propices Ă la dĂ©fense et au commerce. Mais, progressivement, vers 9 000 ans avant l'Ă©poque de Platon, les descendants des premiers Atlantes deviennent de plus en plus expansionnistes et, pris d'une frĂ©nĂ©sie de conquĂȘtes, multiplient les invasions de la Libye jusqu'Ă l'Ăgypte et de l'Europe jusqu'Ă la ThyrrĂ©nie ». Cette expansion est stoppĂ©e par les AthĂ©niens et leurs alliĂ©s qui libĂ©rĂšrent les peuples soumis Ă leur joug tandis que Zeus punit les Atlantes, incapables de rester fidĂšles Ă leur origine divine. L'Atlantide, en punition des vices et de l'orgueil de ses habitants, ainsi que l'armĂ©e athĂ©nienne, furent alors engloutis lors d'un immense raz-de-marĂ©e associĂ© Ă des tremblements de terre, en un jour et une nuit. Ainsi, la citĂ© vouĂ©e Ă la mer pĂ©rit par la mer, laissant place Ă un limon infranchissable ». L'Atlantide Ă travers le TimĂ©e Dans le TimĂ©e, Platon raconte l'origine de l'Univers, l'origine de la CitĂ© et l'origine de l'Homme. Dans ce cadre, il Ă©voque l'Atlantide au cours d'un rĂ©cit fait par Critias, riche AthĂ©nien disciple de Socrate et parent de Platon. Selon Critias, son arriĂšre-grand-pĂšre DropidĂšs s'est vu confier par le lĂ©gislateur Solon VIe siĂšcle av. une confidence que lui-mĂȘme tenait d'un prĂȘtre Ă©gyptien du temple de SaĂŻs au cours d'un voyage d'Ă©tudes qu'il entreprit en Ăgypte en 570 av. sous domination perse Ă cette Ă©poque. L'Ăźle de l'Atlantide, une source d'inspiration universel ? Le prĂȘtre Ă©gyptien donne quelques indications gĂ©ographiques, puis entreprend de narrer la lutte des HellĂšnes menĂ©e par AthĂšnes, puis d'AthĂšnes seule, contre les soldats atlantes venus des Ăźles du fond de la mer Atlantique », Ă©vĂ©nements qu'il situe 9000 ans avant son Ă©poque. Peu de temps aprĂšs la victoire, des tremblements de terre surviennent Ă AthĂšnes ainsi que dans l'Atlantide. Le TimĂ©e donne ensuite une description gĂ©nĂ©rale de la civilisation atlante, de son expansion, de la guerre contre AthĂšnes et de la destruction finale de l'Atlantide. Voici l'extrait du TimĂ©e mentionnant l'histoire de l'Atlantide Les monuments Ă©crits disent que votre citĂ© dĂ©truisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l'Europe et l'Asie tout entiĂšres, venant d'un autre monde situĂ© dans l'ocĂ©an Atlantique. On pouvait alors traverser cet OcĂ©an ; car il s'y trouvait une Ăźle devant ce dĂ©troit que vous appelez, dites-vous, les colonnes d'HĂ©raclĂšs. Cette Ăźle Ă©tait plus grande que la Libye et l'Asie rĂ©unies. De cette Ăźle on pouvait alors passer dans les autres Ăźles et de celles-ci gagner tout le continent qui s'Ă©tend en face d'elles et borde cette vĂ©ritable mer. Car tout ce qui est en deçà du dĂ©troit dont nous parlons ressemble Ă un port dont l'entrĂ©e est Ă©troite, tandis que ce qui est au-delĂ forme une vĂ©ritable mer et que la terre qui l'entoure a vraiment tous les titres pour ĂȘtre appelĂ©e continent. Or dans cette Ăźle Atlantide, des rois avaient formĂ© une grande et admirable puissance, qui Ă©tendait sa domination sur l'Ăźle entiĂšre et sur beaucoup d'autres Ăźles et quelques parties du continent. En outre, en deçà du dĂ©troit, de notre cĂŽtĂ©, ils Ă©taient maĂźtres de la Libye jusqu'Ă l'Ăgypte, et de l'Europe jusqu'Ă la TyrrhĂ©nie. Or, un jour, cette puissance, rĂ©unissant toutes ses forces, entreprit d'asservir d'un seul coup votre pays, le nĂŽtre et tous les peuples en deçà du dĂ©troit. Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre citĂ© fit Ă©clater aux yeux du monde sa valeur et sa force. Comme elle l'emportait sur toutes les autres par le courage et tous les arts de la guerre, ce fut elle qui prit le commandement des HellĂšnes ; mais, rĂ©duite Ă ses seules forces par la dĂ©fection des autres et mise ainsi dans la situation la plus critique, elle vainquit les envahisseurs, Ă©leva un trophĂ©e, prĂ©serva de l'esclavage les peuples qui n'avaient pas encore Ă©tĂ© asservis, et rendit gĂ©nĂ©reusement Ă la libertĂ© tous ceux qui, comme nous, habitent Ă l'intĂ©rieur des colonnes d'HĂ©raclĂšs. Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l'espace d'un seul jour et d'une seule nuit nĂ©fastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d'un seul coup dans la terre, et l'Ăźle Atlantide, s'Ă©tant abĂźmĂ©e dans la mer, disparut de mĂȘme. VoilĂ pourquoi, aujourd'hui encore, cette mer-lĂ est impraticable et inexplorable, la navigation Ă©tant gĂȘnĂ©e par les bas-fonds vaseux que l'Ăźle a formĂ©s en s'affaissant. VoilĂ , Socrate, briĂšvement rĂ©sumĂ©, ce que m'a dit Critias, qui le tenait de Solon. » - Platon, TimĂ©e, 24 e - 25 e L'Atlantide Ă travers le Critias Dans le Critias, Platon nous fournit davantage de dĂ©tails, contant notamment l'origine des habitants nĂ©s de l'union de PosĂ©idon et d'une mortelle prĂ©nommĂ©e ClitĂŽ, elle-mĂȘme fille d'un autochtone et leurs mĆurs, la gĂ©ographie de l'Ăźle, son organisation sociale et politique. Cependant, la fin du Critias est perdue, et le rĂ©cit s'interrompt au moment oĂč Zeus dĂ©cide de punir les Atlantes dĂ©cadents. NĂ©anmoins, si la lĂ©gende nous semble transmise par Platon, celui-ci ne l'utilise nĂ©anmoins qu'accessoirement pour illustrer son propos, qui est le devenir d'AthĂšnes. A travers le Critias, Platon nous dĂ©crit de façon prĂ©cise l'Atlantide, qu'il prĂ©sente comme un monde idyllique. Voici plusieurs dĂ©tails qu'il nous fournit sur cette Ăźle lĂ©gendaire L'Ăźle est situĂ©e au-delĂ des Colonnes d'Hercule, oĂč se trouvent des fonds vaseux, restes de l'Ăźle disparue. Depuis cette Ăźle, on a accĂšs au continent situĂ© plus loin. Ă l'Ă©poque de Platon, les Colonnes d'Hercule Ă©taient positionnĂ©es de part et d'autre du goulet de l'actuel Gibraltar. Le roi Ă©ponyme de l'Atlantide est Atlas, un fils du dieu de la mer PosĂ©idon et d'une jeune mortelle ClitĂŽ. L'Ăźle est divisĂ©e en dix royaumes gouvernĂ©s par Atlas et ses neuf frĂšres puis par leurs descendants. Chaque royaume possĂšde sa propre capitale, copiĂ©e sur la citĂ©-mĂšre, capitale du royaume d'Atlas, dessinĂ©e par PosĂ©idon lui-mĂȘme. La citĂ©-mĂšre est situĂ©e autour d'un mont. Elle est circulaire et entourĂ©e de fossĂ©s navigables. L'Ăźle est riche en ressources naturelles, parmi lesquelles figure un mĂ©tal mystĂ©rieux, l'orichalque, mais doit aussi importer des produits, ce qui suppose des relations commerciales avec des peuples voisins. La religion des Atlantes Ă©tait centrĂ©e sur PosĂ©idon, le pĂšre des dynasties royales, et incluait le sacrifice annuel d'un taureau que l'on devait capturer pour ensuite l'Ă©gorger sur un autel en forme de colonne. Les Atlantes deviennent corrompus au fil du temps. Ils fondent par les armes des colonies des deux cĂŽtĂ©s de leur Ăźle, conquĂ©rant une partie de l'Afrique jusqu'Ă l'Ăgypte, et de l'Europe jusqu'Ă l'Italie. AthĂšnes est le seul Ătat capable de s'opposer Ă leur expansion. L'Atlantide, ainsi que l'armĂ©e athĂ©nienne, ont Ă©tĂ© engloutis lors d'un immense raz-de-marĂ©e associĂ© Ă des tremblements de terre, en un jour et une nuit. Bien que Platon ne donne pas d'explication gĂ©ologique Ă cette catastrophe, celui-ci situe ces Ă©vĂ©nements vers 9 000 ans avant l'Ă©poque de Solon. L'Atlantide mythe ou rĂ©alitĂ© ? Si le mythe de l'Atlantide a Ă©tĂ© peu commentĂ© et a eu peu d'influence durant l'AntiquitĂ©, il a suscitĂ© un intĂ©rĂȘt croissant Ă partir de la Renaissance et la redĂ©couverte des auteurs anciens, suscitant notamment l'intĂ©rĂȘt de l'humaniste Marsile Ficin qui traduit en latin les dialogues de Platon. L'Ă©pisode devient le prĂ©texte Ă fictions, parfois utopiques ou en soutien de la dĂ©finition politique de la constitution parfaite. Francis Bacon publie ainsi La Nouvelle Atlantide en 1627 qui s'inspire du rĂ©cit de Platon et met en scĂšne une sociĂ©tĂ© philosophique de savants sur l'Ăźle imaginaire de Bensalem. Ă ces approches thĂ©ologiques ou naturalistes s'ajoutent bientĂŽt des interprĂ©tations symboliques, allĂ©goriques, Ă©sotĂ©riques, nationalistes, etc. Au tournant du XVIIe siĂšcle, le mythe de l'Atlantide est associĂ© aux premiĂšres recherches sur les origines de l'humanitĂ© et sur le premier lieu de peuplement humain, dans une approche souvent non dĂ©nuĂ©e d'idĂ©ologie ; Ă partir de 1679, par exemple, dans son Atlantica en quatre volumes, le suĂ©dois Olof Rudbeck situe l'Atlantide dans une contrĂ©e insulaire nordique qu'il considĂšre comme le bassin d'une civilisation-mĂšre. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, deux positions s'opposent depuis quant Ă la comprĂ©hension du rĂ©cit d'une part celle qui considĂšre les rĂ©cits de Platon comme une pure fiction, un mythe sans lien avec l'histoire rĂ©elle, une fable, d'autre part celle qui pense que le mythe se rapporte Ă des faits rĂ©els, en supposant une dĂ©formation plus ou moins grande de ces faits par l'auteur grec, ou par les interprĂ©tations de son texte. Carte fantaisiste de l'Atlantide 1678 d'Athanasius Kircher, Mundus Subterraneus le nord est en bas. En effet, de nombreux auteurs, et archĂ©ologues Ă travers l'Histoire, considĂšrent le mythe de l'Atlantide comme une pure fiction, une idĂ©e dĂ©jĂ soutenue par Aristote, lui-mĂȘme disciple de Platon. En 1779,Giuseppe Bartoli est le premier Ă Ă©mettre l'hypothĂšse que le rĂ©cit de Platon est purement allĂ©gorique, critique de la situation d'AthĂšnes des guerres mĂ©diques jusqu'Ă la guerre du PĂ©loponnĂšse. Comme il Ă©tait d'ailleurs coutumier du fait dans ses dialogues, Platon fait appel au mythe sans que cela doive ĂȘtre pris au premier degrĂ©. Dans le TimĂ©e et le Critias, Platon oppose l'Atlantide ouverte sur la mer, technicienne et conquĂ©rante, corrompue par la richesse, Ă une AthĂšnes archaĂŻque fondamentalement terrienne, rurale, autarcique et conservatrice. Les dieux donnent la victoire Ă la meilleure sociĂ©tĂ© sur la pire. Cependant, ces conceptions sur l'origine fictive du mythe ne sont pas toujours partagĂ©es en dehors de la communautĂ© des historiens, des archĂ©ologues et des philologues classiques. En effet, des Ă©rudits ou amateurs de tous genres, mais Ă©galement des gĂ©ographes, des gĂ©ologues, certains prĂ©historiens continuent leurs Ă©tudes et leurs explorations. L'Atlantide a ainsi Ă©tĂ© situĂ© en des centaines d'endroits dans l'espace mais aussi dans le temps Ă©videmment un peu partout dans l'ocĂ©an Atlantique oĂč toute terre Ă©mergĂ©e pouvait faire matiĂšre Ă hypothĂšse avant le dĂ©veloppement des connaissances sur la tectonique des plaques ; puis en divers points de la MĂ©diterranĂ©e, mais Ă©galement en Ăgypte, dans le Hoggar, au Tibet, en Mongolie, en SuĂšde, au PĂ©rou, ou encore au Mexique. Localisations possibles de l'Atlantide NĂ©anmoins, l'un des hypothĂšses les plus sĂ©rieuses concernant la localisation prĂ©cise de l'Atlantide serait que Platon se soit inspirĂ© de la civilisation minoenne, et plus particuliĂšrement de l'Ă©ruption volcanique qui dĂ©truisit partiellement l'Ăźle de Santorin, qui Ă©tait appelĂ©e Akrotinis, vers 1650 avant Ce cataclysme aurait engendrĂ© d'Ă©normes tsunamis qui ont pu atteindre une hauteur de 50 mĂštres. Des preuves de ce tsunami ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es rĂ©cemment par les archĂ©ologues sur la cĂŽte d'IsraĂ«l. Mais cette thĂ©orie est aujourd'hui largement dĂ©monĂ©tisĂ©e pour des raisons de concordance de dates ; le cataclysme en question n'est nullement Ă©voquĂ© par Platon ni aucun texte antique qui ne nous soit parvenu ; la topographie, l'orographie et la luxuriance de Santorin ne correspondent pas davantage aux descriptions qu'en fait Platon, dont l'on peut en outre imaginer que s'il avait dĂ» croire que l'Ăźle de Santorin Ă©tait l'Atlantide, il s'y serait rendu. D'autres, se rĂ©fĂ©rant toujours aux indications de Platon, ont recherchĂ© une Ăźle situĂ©e au-delĂ des colonnes d'Hercule, engloutie par la remontĂ©e des eaux Ă la fin de la derniĂšre glaciation. En effet, une autre thĂ©orie portĂ©e par Jacques Collina-Girard propose de voir l'Atlantide dans un site gĂ©ologique avĂ©rĂ© prĂšs du dĂ©troit de Gibraltar, mais Ă une Ă©poque oĂč aucune civilisation sĂ©dentaire n'existait. Il releva notamment un haut-fond immergĂ© Ă l'ouest du dĂ©troit de Gibraltar formant une Ăźle de 10 Ă 12 km, avec des Ăźlots satellites, au milieu d'une passe Ă©troite s'ouvrant Ă l'ouest sur une mer intĂ©rieure. Selon lui, seul le rĂ©cit du cataclysme s'inspirerait de faits rĂ©els, l'Ăźle se trouvant enfoncĂ©e d'une quarantaine de mĂštres sous le niveau de la mer. Son existence aurait longtemps Ă©tĂ© transmise par la mĂ©moire orale que la gĂ©ologie permettrait de retrouver, alors que la description de la civilisation atlante ne serait due qu'Ă l'imagination de Platon. Le site des fouilles d'Akrotiri protĂ©gĂ© par le nouveau toit, en 2012. L'histoire de l'Atlantide aurait Ă©tĂ© transmises depuis la fin du palĂ©olithique grĂące aux Ăgyptiens qui gardĂšrent le souvenir de l'Ăźle qui se trouvait Ă la sortie du DĂ©troit de Gibraltar Ă la fin de la derniĂšre glaciation. En aucun cas cette hypothĂšse n'ajoute foi Ă la sociĂ©tĂ© dĂ©crite par Platon, prĂ©sentĂ©e, par lui-mĂȘme, comme la transposition de son utopie philosophique dans une histoire orale authentique. Bien que cette thĂšse fut rĂ©futĂ© par le philologue Heinz-GĂŒnther Nesselrath, le mythe de l'Atlantide peut aussi faire rĂ©fĂ©rence Ă une suite de territoires engloutis mĂ©moire collective des Hommes et qui reprĂ©sente ce qui a Ă©tĂ© perdu par les Hommes. Les autres spĂ©culations concernant une Atlantide situĂ©e Ă la sortie du dĂ©troit de Gibraltar, sont le prolongement de thĂ©ories d'avant-guerre concernant le site de Tartessos sur les cĂŽtes du Golfe de Cadix, supposĂ© ĂȘtre un port ensablĂ©. Parmi les thĂ©ories les plus excentriques, on trouve Ă©galement celles des canadiens Rand et Rose Flem-Ath, auteurs de When the Sky Fell Quand le ciel tombait, 1995, qui situent l'Atlantide en Antarctique. Leur conclusion repose autant sur la thĂ©orie de Hapgood touchant les dĂ©placements de l'Ă©corce terrestre que sur leurs propres dĂ©couvertes et recoupements. Ces deux chercheurs ont commencĂ© leur travail aprĂšs la constatation d'une similitude troublante. Si une civilisation aussi avancĂ©e que celle des Atlantes existait 10 000 ans av. il est possible qu'elle ait prĂ©vu le cataclysme et que l'Ă©vacuation de la population ait Ă©tĂ© anticipĂ©e. Si tel n'a pas Ă©tĂ© le cas, il est nĂ©anmoins possible que certains survivants aient cherchĂ© refuge dans des terres Ă©pargnĂ©es par le raz-de-marĂ©e, en tout cas en altitude. Des sites comme le lac Titicaca, dans la cordillĂšre des Andes, ainsi que les plateaux de ThaĂŻlande et d'Ăthiopie rĂ©pondent Ă ce critĂšre de sĂ©curitĂ©. Or selon eux c'est dans ces rĂ©gions qu'apparut l'agriculture, vers 9 600 ans avant notre Ăšre.
Lepassage maritime entre la MĂ©diterranĂ©e et lâocĂ©an Atlantique est certes reprĂ©sentĂ© sur la plupart des cartes marines mĂ©diĂ©vales, mais il ne reçoit pas de nom particulier. En revanche, la toponymie locale est particuliĂšrement dĂ©taillĂ©e, et selon lâĂ©chelle et le cadrage de la carte, le cartographe accorde une place plus ou moins grande aux rivages qui entourent le passage Ă l
Escale 3 Comment se forment les courants ? Les zones climatiquesLâinĂ©galitĂ© de rĂ©partition de lâĂ©nergie solaire Ă lâĂ©chelle de la planĂšte permet de localiser cinq zones climatiques distinctes. Le climat polaire Il se rencontre entre 90° et 60° de latitude Nord et Sud en moyenne. Il est caractĂ©risĂ© par des tempĂ©ratures froides toute l'annĂ©e qui entraĂźnent l'existence d'un sous sol gelĂ© en permanence. La tempĂ©rature ne dĂ©passe jamais 10° Celsius. En hiver, les zones polaires sont balayĂ©es par le blizzard qui engendre des tempĂȘtes trĂšs violentes. Le climat tempĂ©rĂ© Il se rencontre entre 40° et 60° de latitude Nord et Sud en moyenne. Il est caractĂ©risĂ© par quatre saisons distinctes le printemps, lâĂ©tĂ©, lâautomne et lâ se dĂ©cline en trois sous climats - Le climat tempĂ©rĂ© ocĂ©anique caractĂ©risĂ© par des prĂ©cipitations rĂ©parties sur toute lâannĂ©e, des Ă©tĂ©s relativement frais et des hivers doux et humides et du vent. - Le climat tempĂ©rĂ© continental caractĂ©risĂ© par des hivers froids et secs, des Ă©tĂ©s assez chaud et pluvieux avec des frĂ©quents orages. - Le climat hyper continental caractĂ©risĂ© par des Ă©tĂ©s courts et des hivers secs et trĂšs froids. Le climat subtropical Il se rencontre entre 30° et 40° de latitude Nord et Sud en moyenne. La saison chaude est longue ; la saison froide, accompagnĂ©e de quelques prĂ©cipitations, est plus douce que dans les zones tempĂ©rĂ©es. Le climat mĂ©diterranĂ©en est un sous climat les zones subtropicales soumises aux alizĂ©s vent de secteur Est, les hivers peuvent parfois ĂȘtre froids alors que les Ă©tĂ©s sont pluvieux. Le climat tropical Il se rencontre entre 30° et 10° de latitude Nord et Sud. Ce nâest pas un climat aride. La tempĂ©rature ne descend jamais au dessous de 18°Celsius. La pluviositĂ© permet de dĂ©finir deux saisons la saison sĂšche et la saison humide. Les pĂ©riodes de pluies sont liĂ©es Ă la prĂ©sence de la Zone de convergence Inter Tropicale ZCIT. Le climat Ă©quatorial Il se rencontre entre 10° et 0° de latitude Nord et Sud en moyenne. Il se caractĂ©rise par une seule saison. Les prĂ©cipitations sont abondantes et la chaleur est importante, ce qui donne un taux dâhumiditĂ© trĂšs Ă©levĂ© et une impression de moiteur. Les deux pĂ©riodes de pluie les plus importantes correspondent au passage de la Zone de Convergence Inter Tropicale ZCIT. Les courants ocĂ©aniques sont des dĂ©placements dâeau dans le sens horizontal et vertical. Ces dĂ©placements sont beaucoup plus lents et rĂ©guliers que ceux des courants aĂ©riens. Ils sont nĂ©anmoins rĂ©gis par les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes. Ils rĂ©sultent de - LâinĂ©galitĂ© de rĂ©partition de lâĂ©nergie solaire entre lâĂ©quateur et les pĂŽles ; - La rotation de la Terre la force de Coriolis dĂ©vie les courants marins vers la droite dans lâhĂ©misphĂšre Nord. Le mĂ©canisme des saisons agit Ă©galement au niveau ocĂ©anique et va avoir une influence sur le sens de dĂ©placement de certains courants courants marins vont ĂȘtre Ă©galement liĂ©s aux moussons ainsi quâaux phĂ©nomĂšnes El Nino et El Nina. Les courants ocĂ©aniques ont une influence sur le climat rĂ©chauffement ou refroidissement de certaines zones cĂŽtiĂšres et par consĂ©quent sur le type de vĂ©gĂ©tation. On peut prendre comme exemple la NorvĂšge qui dĂ©veloppe des cultures maraĂźchĂšres en bordure de lâocĂ©an Atlantique malgrĂ© une latitude Ă©levĂ©e. Ce pays bĂ©nĂ©ficie de lâinfluence du Gulf Stream qui est un courant chaud. La diffĂ©rence essentielle entre les courants marins et les courants atmosphĂ©riques rĂ©side dans la trĂšs grande inertie thermique des ocĂ©ans. On considĂšre que lâocĂ©an rĂ©agit avec deux mois de retard par rapport Ă lâ tempĂ©rature de lâair sur 24 heures varie de maniĂšre significative alors que la tempĂ©rature de lâeau reste quasi constante sur la mĂȘme durĂ©e. Les eaux de surface se rĂ©chauffent et se refroidissent trĂšs lentement sauf dans certains cas particuliers les phĂ©nomĂšnes dâupwelling correspondant Ă la remontĂ©e des eaux profondes froides en surface. Les phĂ©nomĂšnes dâupwelling se produisent notamment sur les bancs de Terre Neuve Canada. La densitĂ© des eaux dĂ©pend de la tempĂ©rature et de la salinitĂ©. Les eaux denses tendent Ă sâenfoncer alors que les eaux moins denses remontent en surface. Pour illustrer ce phĂ©nomĂšne, prenons deux exemples. A lâembouchure des fleuves, lâeau douce, moins dense que lâeau de mer ; se rĂ©pand en le dĂ©troit de Gibraltar, lieu de rencontre des eaux mĂ©diterranĂ©ennes et atlantiques ; les eaux mĂ©diterranĂ©ennes chaudes, plus salĂ©es et plus denses que les eaux atlantiques coulent Ă 200 mĂštres de profondeur pour ressortir ensuite dans lâocĂ©an Atlantique. Les courants de surface se dĂ©placent plus vite que les courants de profondeur. Le dĂ©placement des eaux de surface est soumis Ă lâaction du vent et des marĂ©es. Les eaux profondes se dĂ©placent trĂšs lentement et on estime quâen MĂ©diterranĂ©e il faut plus de mille ans pour renouveler les eaux du bassin. Les courants en mer MĂ©diterranĂ©eLa circulation de lâeau en mer MĂ©diterranĂ©e est liĂ©e Ă la configuration de cette mer quasiment fermĂ©e. Les apports en eau douce par les fleuves, les prĂ©cipitations et le ruissellement sont faibles et ne compensent pas lâĂ©vaporation importante environ 3500 km3 dâeau par an. Si le dĂ©troit de Gibraltar se fermait, le niveau de la mer MĂ©diterranĂ©e baisserait de 80 cm par dĂ©ficit est comblĂ© par des entrĂ©es dâeaux atlantiques par le dĂ©troit de Gibraltar environ 35000 km3 par an. Le courant de surface longe les cĂŽtes courant va se diviser en deux branches principales Ă la hauteur de lâAlgĂ©rie orientale. Une branche remonte directement vers le Nord et longe les cĂŽtes occidentales de la Sardaigne et de la Corse. Lâautre branche se scinde en deux peu avant le dĂ©troit de Sicile. Une veine de courant se dirige vers la cĂŽte occidentale de lâItalie et rejoint le premier courant et forme le courant Ligure dĂ©placement vers lâOuest le long des cĂŽtes françaises et espagnoles. Le dernier courant pĂ©nĂštre dans le bassin mĂ©diterranĂ©en oriental, longe toutes les cĂŽtes et circule dans la mer Adriatique puis repart vers le Sud cĂŽtes libyennes. AprĂšs un parcours complexe, les eaux ressortent en profondeur par le dĂ©troit de Gibraltar et se jettent dans lâocĂ©an Atlantique. lAtlantique par le dĂ©troit de Gibraltar et avec la mer Rouge par le canal de Suez. Câest une mer chaude, Ă forte salinitĂ© et Ă faibles marĂ©es. Sa profondeur maximale est de 4 400 mĂštres. La pĂ©ninsule italienne la divise en deux bassins : la MĂ©diterra nĂ©e occidentale, avec son annexe la mer TyrrhĂ©nienne. et la MĂ©diterranĂ©e orientale qui se ramifie entre la mer Ionienne, la 1Entre la MĂ©diterranĂ©e et lâAtlantique la frontiĂšre est tĂ©nue. Leurs origines et leurs configurations gĂ©ographiques les unissent. Les eaux de lâune et celles de lâautre parviennent Ă se fondre selon les ocĂ©anographes, au point que lâOrganisation hydrographique internationale propose, pour limiter de façon arbitraire ocĂ©an Atlantique et mer MĂ©diterranĂ©e, les caps de lâAtlantique, consacrant une union dĂ©jĂ entĂ©rinĂ©e par bien des voix autorisĂ©es, que ce soit celles des scientifiques, de Michelet Ă Cousteau, ou celles des poĂštes, de Pierre de Marbeuf Ă Nadia TuĂ©ni. Sans dâailleurs quâune ligne de partage des eaux sĂ©pare ces deux ordres de discours tant leurs rhĂ©toriques se confondent dans un lyrisme qui dĂ©note la signification archĂ©typale commune de cette mer et de cet ocĂ©an, au sens oĂč la dĂ©finit Gilbert Durand, dont les thĂ©ories vont Ă©tayer le prĂ©sent propos. 2Il semble y avoir parentĂ© entre la mer, lâocĂ©an et la poĂ©sie. ParentĂ© fonctionnelle au moins pour des rĂ©alitĂ©s qui confrontent lâhomme Ă ce qui le dĂ©passe, lui enseignent la sagesse en lui dĂ©voilant les secrets de son cĆur tant en elles se mirent sa vie intĂ©rieure et ses aspirations les plus indicibles, allant de la quĂȘte dâun absolu des plus Ă©levĂ©s aux dĂ©sirs sensuels les plus terrestres. Ainsi avons-nous choisi dâĂ©tudier le lien entre Atlantique et MĂ©diterranĂ©e en suivant lâexpression poĂ©tique quâil engendre. 3Lâorigine du nom de lâocĂ©an Atlantique est Ă chercher au cĆur des mythes grecs, soit celui des Atlantes, soit celui du titan Atlas qui soutenait la voĂ»te cĂ©leste grĂące, notamment, aux Colonnes dâHercule, localisables dans le dĂ©troit de Gibraltar. Pour les peuples antiques, lâAtlantique dĂ©signait la mer qui sâĂ©tendait au-delĂ de ce dĂ©troit par rapport Ă la MĂ©diterranĂ©e. La mer OcĂ©ane fut longtemps le nom donnĂ© Ă cet ocĂ©an Christophe Colomb Ă©tait ainsi surnommĂ© lâAmiral de la Mer OcĂ©ane. LâocĂ©an Atlantique trouve donc lâĂ©tymologie de son nom en des mythes porteurs des peurs et des rĂȘves de lâhomme ou Ă travers ceux dâun Titan rĂ©gnant avant lâĂ©quilibre apportĂ© par Zeus. Cet ocĂ©an, dans lâinconscient humain, transporte donc les sentiments originels associĂ©s Ă lâinconnu. 4Des cĂŽtes de lâAtlantique sont en effet parties les plus grandes explorations europĂ©ennes vers des terres dâabord fantasmĂ©es et des exploits surhumains, des Vikings, en passant par Gil Eanes, Christophe Colomb et Alessandro Bianchi, jusquâĂ Guy Delage. 5Cet ocĂ©an est particuliĂšrement dĂ©routant car il est bordĂ© de mers et se dĂ©finit en fonction de ses mers que lâon nomme bordiĂšres, telle la mer MĂ©diterranĂ©e. 6Le terme de MĂ©diterranĂ©e vient du latin mediterraneus qui signifie au milieu des terres », du monde connu » sâentend. Elle prend diffĂ©rents noms Ă travers lâhistoire, dont Mare nostrum, qui lui confĂšre un caractĂšre hospitalier, voire intime. Les Grecs lâappelaient aussi la mer de TĂ©thys, la dĂ©esse mĂšre exprimant ainsi le lien affectif mĂȘlĂ© Ă©galement des peurs de lâenfant pour sa mĂšre qui les unissait Ă cette Ă©tendue dâeau nourriciĂšre. 1 Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de lâimaginaire, Paris, PUF, 1960, p. 38. 7Le bassin mĂ©diterranĂ©en est le berceau de la civilisation occidentale. Ainsi est-il apte Ă marquer les imaginaires, câest-Ă -dire, nous explique Gilbert Durand, lâincessant Ă©change qui existe ... entre les pulsions subjectives et assimilatrices et les intimations objectives Ă©manant du milieu cosmique et social »1. En effet, elle est le rĂ©ceptacle comme originel de civilisations rayonnantes qui ensemencent de leur culture les peuples migrateurs, les peuples de la mer » dont sont issus les Celtes qui vont peupler lâEurope et la fĂ©conder, Ă chacune de leurs escales, de la MĂ©sopotamie, de lâĂgypte jusquâĂ la Galice, la Bretagne et lâIrlande. Ces influences culturelles font que les sources dâimages de lâAtlantique et de la MĂ©diterranĂ©e, de façon intrinsĂšque, sont naturellement poreuses. 8Sa configuration physique valide ce constat la mer MĂ©diterranĂ©e est une mer mĂ©diterranĂ©enne, les Ă©changes dâeaux profondes avec les ocĂ©ans sont limitĂ©s, mais existent. Mer intĂ©rieure, elle est rassurante, et câest lĂ sa principale caractĂ©ristique dont les textes se font lâĂ©cho, Ă lâopposĂ© de la mer ocĂ©ane qui sâouvre, elle, sur lâimmensitĂ© terrifiante, mais aussi combien fascinante ! Dans cette typologie diffĂ©rentielle, toutes deux participent, par les images quâelles suscitent, de lâexpression humaine de lâangoisse existentielle Ă laquelle cet imaginaire contrastĂ© tente de rĂ©pondre puisque, Ă suivre Gilbert Durand, lâorigine de lâimaginaire renvoie Ă lâangoisse existentielle que provoque lâexpĂ©rience nĂ©gative » du Temps » chez un ĂȘtre humain qui se sait mortel. De cette angoisse existentielle et universelle naĂźt lâimaginaire, jaillissement liquide qui combine des eaux calmes et bienfaisantes et des eaux torrentielles et furieuses, capables de tout emporter. 9MĂ©diterranĂ©e et Atlantique sont donc dâabord gĂ©ographiquement apparentĂ©s avant dâĂȘtre unis dans le langage poĂ©tique. Les spĂ©cificitĂ©s de cette mer et de cet ocĂ©an font leur richesse et leur confĂšrent une force attractive crĂ©atrice exceptionnelle oĂč se mĂȘlent les images porteuses de lâexpression de la Weltanschauung de lâhomme. Les hypotextes les plus dĂ©cisifs qui se construisent autour de lâimage de la mer se trouvent chez HomĂšre et Virgile. Ils donnent naissance Ă un genre poĂ©tique, que lâon pourrait baptiser poĂ©sie maritime », qui va des poĂštes de la Renaissance jusquâĂ nos jours en passant par les romantiques, et qui ne sâĂ©puisera jamais car ce genre exprime lâimaginaire humain primordial au sens oĂč le dĂ©finit Gilbert Durand les images sont le moule affectif reprĂ©sentatif des idĂ©es, câest-Ă -dire quâelles sont antĂ©rieures aux idĂ©es et non le contraire. Ce genre fait naĂźtre et contient donc la quĂȘte du sens, LâOdyssĂ©e pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le rĂ©cit mythique de lâaventure humaine. 10Ce genre se dĂ©finit par des particularitĂ©s sĂ©miologiques et sĂ©mantiques et se dĂ©termine Ă partir dâun archĂ©type, selon la dĂ©finition de Gilbert Durand, qui est la mer quâelle soit OcĂ©ane ou MĂ©diterranĂ©e. Ă la lecture des poĂšmes maritimes », on peut observer la construction de certaines images et voir comment elles constellent » Ă partir dâun noyau organisateur archĂ©typique ». Câest ainsi que peut sâexpliquer la rencontre entre lâocĂ©an Atlantique et la mer MĂ©diterranĂ©e dans un mĂȘme poĂšme au fond de ce rĂ©ceptacle oĂč perdure le liquide amniotique, lâhomme regarde lâinfini de son Ăąme et lâĂ©tendue de tous ses possibles. 11Nous montrerons dans un premier temps comment lâocĂ©an Atlantique et la mer MĂ©diterranĂ©e se mĂȘlent au cĆur dâun mĂȘme poĂšme. Avant dâanalyser lâĂ©volution de cette fusion Ă travers les Ćuvres des poĂštes qui contemplent la mer et de ceux qui sâamarinent ; nous Ă©tudierons ainsi des extraits dâĆuvres occidentales de la Renaissance Ă nos jours, sans oublier les poĂštes arabes modernes telle la libanaise Nadia TuĂ©ni. Puis nous expliquerons en quoi cette fusion relĂšve de lâarchĂ©type de la mer, caractĂ©ristique de ce genre original quâest la poĂ©sie maritime. Par le langage maritime, la poĂ©sie ouvre une porte vers un lendemain oĂč tout est possible, tel le gabier qui observe lâhorizon, le poĂšte est tendu vers lâavenir, vers tous les avenirs oĂč se lit la quĂȘte de lâĂȘtre aimĂ© et idĂ©alisĂ©, lâaspiration vers lâailleurs, vers le dĂ©passement de soi, vers lâessence des choses quĂȘte qui nâest autre que celle de la parole poĂ©tique. Confluence poĂ©tique de la MĂ©diterranĂ©e et de lâAtlantique 12Le tableau suivant montre la signification de la prĂ©sence de ces deux espaces, intimement liĂ©s ou clairement distincts PoĂšmes Mer OcĂ©an Eau âĂ lâhorizonâ Didier Sicchia Personnification. Figure hostile Ă la fois fascinante et terrifiante qui soumet lâhomme. ReprĂ©sentation du lieu de la lutte inhĂ©rente Ă lâhomme exprimĂ©e dans le mythe de Sisyphe. Prise Ă tĂ©moin du lecteur lutte Ă©levĂ©e Ă une dimension collective â Alfred de Musset MĂ©taphore de lâadversitĂ© Incarnation de la colĂšre Comparaison homme et ocĂ©an InfĂ©rioritĂ© de lâocĂ©an face Ă un sentiment propre Ă lâhumanitĂ© lâamitiĂ©. La contemplation des fureurs ocĂ©anes sert de contre-miroir Ă la grandeur de lâhomme et permet dâexprimer un hymne Ă lâamitiĂ©. âĂ Ulric Gâ Alfred de Musset MĂ©taphore profondeur des eaux exprimant la profondeur de la douleur humaine qui, elle, est sans fond. âBleuâ Blaise Cendrars Expression de la douceur Comparaison avec un lac. RĂ©unification des Ă©lĂ©ments. âBrise marineâ MallarmĂ© MĂ©taphore de lâailleurs, de la destination assurant lâantidote Ă lâennui. âLâappel du largeâ Baudelaire Mer mĂ©taphore de lâutopie de toute Ă©vasion, Miroir sans fond de lâĂąme humaine, vision de lâhomme condamnĂ© Ă lâamertume. âLâhomme et la merâ Baudelaire Personnification de la mer. FraternitĂ© entre lâhomme et la mer dans la complexitĂ© de leur Ăąme, mer et homme que voilĂ toutefois frĂšres ennemis. âLâĂ©ternitĂ©â Rimbaud Lieu de lâallĂ©gresse. Union de lâeau et du feu de la mer et du soleil. Retour Ă lâorigine qui se traduit par un retour Ă lâĂ©ternitĂ©. âLa merâ Chateaubriand Personnification mĂšre aux multiples possibles, omniprĂ©sente, lieux de tous les rĂȘves et des rĂȘves les plus doux oĂč lâhomme est enfin compris. Guide de lâĂąme qui lui permet de sâunir au cosmos. Un Ă©lĂ©ment du grand tout, associĂ© aux orages » vers oĂč la mer guide lâĂąme. âLa merâ Sully Prudhomme Personnification femme dĂ©esse dont la grandeur isole et rend inaccessible. âOceano noxâ Victor Hugo Lieu fĂ©cond Personnification de la mĂšre. Lieu oĂč se manifeste la transcendance. Sentiment de la prĂ©sence de Dieu. Lieu hostile et porteur de guerre et de tourments pour lâhomme. âAurore sur la merâ RenĂ©e Vivien Confidente libĂ©ratrice et porteuse de vie. âLâĂąge dâĂ©cumeâ Nadia TuĂ©ni Image de la vie. PrĂ©sence immanente porteuse de renouveau et de rĂ©surrection. Transcendance porteuse de rivalitĂ©. Une poĂ©tique Ă deux versants ? 13Victor Hugo, dans le poĂšme suivant oĂč il se met face Ă la mer et Ă lâocĂ©an, montre de façon caractĂ©ristique le visage de ces deux Ă©tendues Un jour que mon esprit de brume Ă©tait couvert,Je gravis lentement la falaise au dos vert,Et puis je regardai quand je fus sur la moi lâair et lâonde ouvraient leur double chose de grand semblait tomber des bruit de lâocĂ©an, sinistre et furieux,Couvrait de lâhumble port les rumeurs soleil dâoĂč pendaient des rayons magnifiques,Ă travers un rĂ©seau de nuages flottants,SâĂ©pandait sur la mer qui brillait par vent chassait les flots ou des formes sans nombre,Couraient. Des vagues dâeau berçaient des vagues dâ Ă©tait immense et lâon y sentait Dieu. 14La mer lui inspire des pensĂ©es dâĂ©nergie vitale et lâocĂ©an des pensĂ©es dâĂ©nergie destructrices. 15RenĂ©e Vivien, dans Aurore sur la Mer », reprend la thĂ©matique de Victor Hugo pour comprendre, grĂące Ă la vision de la mer, lâĂ©nergie de vie qui lâhabite au-delĂ des circonstances de son existence. La mer y est personnifiĂ©e en confidente et en Muse libĂ©ratrice. Je te mĂ©prise enfin, souffrance passagĂšre !Jâai relevĂ© le front. Jâai fini de Ăąme est affranchie, et ta forme lĂ©gĂšreDans les nuits sans repos ne vient plus lâ je souris Ă lâAmour qui me vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs,Dâune Ăącre odeur de sel ranimes ma faiblesse,Ă vent du large ! Emporte Ă jamais les douleurs !Emporte les douleurs au loin, dâun grand coup dâaile,Afin que le bonheur Ă©clate, triomphal,Dans nos cĆurs oĂč lâorgueil divin se renouvelle,TournĂ©s vers le soleil, les chants et lâidĂ©al ! 16Ces poĂšmes emblĂ©matiques montrent que la contemplation de la mer et, plus encore, son contact ouvrent le cĆur de lâhomme au lyrisme. En effet, tous les poĂšmes oĂč se trouve le mot mer ou le mot ocĂ©an expriment lâĂ©panchement du cĆur, les questionnements sur lâĂąme, dĂ©finition fondamentale du lyrisme ainsi naissent les poĂštes et les images porteuses dâidĂ©es quâils transmettent. 17La mer MĂ©diterranĂ©e ou OcĂ©ane est le lieu de tous les rĂȘves espace sans limite oĂč se disent les maux des hommes jusquâaux plus innommables. Avant les romantiques, mis Ă part le cas de Marbeuf qui Ă©crit un exercice de style autour du mot mer Et lâamour et la mer ont lâamer pour partage » et qui met en Ă©vidence combien lâimage rĂ©veille lâidĂ©e et Ă quel point la mer va devenir un archĂ©type, les poĂštes disant la mer ou lâocĂ©an Ă©taient des navigateurs ils exprimaient donc la lutte de lâhomme contre les flots, mais aussi lâĂ©merveillement face Ă la mer, sentiments annonciateurs de lâarchĂ©type que constituent mer et ocĂ©an. Ainsi de Joseph-Ătienne EsmĂ©nard 1769-1811, qui a rĂ©sidĂ© aux Antilles et qui Ă©crit La Navigation. De nos jours, il existe encore des poĂštes qui prennent la mer ou des marins qui deviennent poĂštes tel Henry Jacques 1886-1973, qui a franchi le Cap Horn sur un trois-mĂąts. 18Tous ces poĂštes peuvent faire leur la phrase de Victor Hugo Je rends Ă la mer ce que jâai reçu dâelle ». 19La poĂ©sie orientale, telle que la chante Nadia TuĂ©ni, par exemple dans LâĂąge dâĂ©cume », Ă©voque la mer comme une entitĂ© faisant partie de lâĂąme humaine, inscrite au plus profond de sa conscience, la mer habite lâhomme comme lâhomme habite la mer. Sa poĂ©sie dĂ©vide le thĂšme de lâosmose, voire de la fusion entre lâhomme et la mer Ă Nijni-Novgorod la mer est oubliĂ©e dans les yeux du pĂȘcheurQui tout bas sous le vent ramasse lâombre des figuiersIl met les transparences dans le jaune des ruinesSonnent les cloches vivesĂ Nijni-Novgorod oĂč le soleil entend et gonfle les priĂšresDes bĂ»chers de visages regardent le ciel froidTout incendiĂ© dâoiseaux. 20Dans le poĂšme Les Survivants », lâocĂ©an est personnifiĂ©, comme crĂ©ateur transcendant qui met en rivalitĂ© les Ă©lĂ©ments alors que la mer est immanente Ă lâhomme et est unificatrice, accueillante et protectrice. Elle peut ĂȘtre Ă©galement purificatrice et libĂ©ratrice et, surtout, source de vie et mĂȘme de rĂ©surrection car elle est lâorigine, le premier habitacle de lâhomme. Vie et mer sont synonymes. 21Elle est renouvellement, donc porteuse de lâoubli qui assure la vie. Reprenant la vision de la mer et de lâocĂ©an jusque-lĂ vĂ©hiculĂ©e par les poĂštes, Nadia TuĂ©ni montre bien quâelle est un archĂ©type, celui de lâorigine qui contient tout ce qui touche Ă lâĂąme humaine Un oiseau sur lâoccident se pose. Ă peine dans tes mains la nuit sâobstine, lâamour comme une odeur se couche, telle est lâaube qui me paralyse jusquâĂ la je pouvais dire je nâai quâun silence, si je pouvais dans la lumiĂšre sans rĂ©ponse faire dâun cri un pays, alors il nây aurait pas de fin sur lâ pas dâocĂ©an je nomme lâeau, et le ciel sera fou. La terre a reconnu mes lĂšvres. Moi je cherche encore ce qui dans le sommeil est peuplĂ© de vautours. Aucun lien entre la croix et le geste. En fermant les yeux je vois la vie Ă perdre du voyageur telle est la tendre plainte, et dans sa voix lâĂ©cho dâun ancien bord de la mĂ©moire une oreille jardins rampent sous la lune et la pluie immobile sur lâaile dâ survivrons jusquâĂ en rire ; de dos câest survivrons au mouvement paisible du soleil avec la patience des dont le ventre est temps dâaimer, moi qui nâai rien compris au rĂšgne des distances, que dire au vent qui nous dĂ©membre, Ă la peur qui nous tranche la tĂȘte ? Tout homme endormi est une Ă©tĂ© cette image trouĂ©e de mille angoisses qui saignait de mĂ©moire ? Ă mort plus nourriciĂšre que le feu, sâil nây a quâun conteur sans histoire et le chien bleu des songes, alors je ne dĂ©pends que de la un bruit de corps froissĂ© envahit le dĂ©sert ; il sâagit dâun matin qui mâĂ©chappe des doigts, avec des cris de toutes les couleurs. Les villes se peignent de survivons jusquâĂ en rire, jusquâau regard fixe entre parole et temps long se repose. 22Dans ses poĂšmes suivants, la mer apparaĂźt comme lâorigine de toute vie et, partant, rĂ©ponse de vie Ă la mort, elle assure le renouveau jusquâĂ la rĂ©surrection inclusivement Ă lâorigine il y eut un rĂȘveur de terreComme une goutte de pluie au soleilQuand lâhiver nâest plus tout Ă fait dire mon envie dâĂȘtreElle qui et simplement la mort ?Dois-je dire lâespace qui se tord les mainsDe nâavoir rien compris au rire de lâenfant ?âQuâon me donne un chemin et jâen ferais un mondeProfond comme une couleur une odeur un matinâ ;Ainsi parleraient la mer et ses peuplesĂ qui ne demande quâĂ croire ;Pourtant le ciel de peur existe Et le sol sous nos tĂȘtes espĂšre lâinterminable est tardif ce geste de colĂšreQui nous fait deux fois homme et plusieurs fois vivant. Reviendras-tu si je disais la terre est au bout de tes doigtsComme une branche calcinĂ©e et dĂ©jĂ refroidie ?Les oiseaux sont morts plusieurs fois Ă pic contre tes cheveux blondsIls avaient adoptĂ© la mer pour viceĂ cause des algues sonoresEt des pistes qui se dĂ©fontLentementTrop tard pour naĂźtre chaque instantĂ genoux devant des visages oĂč toute couleur est hostieComme une gorge prise au bĂ©tail qui dĂ©vore un rayon de soleilReviendras-tu si je disais la mer est au bout de tes doigts ? Jâai retenu la viePour que dure lâinstant sous le poids des mĂ©moiresJâai retenu la nuitPlus doucement quâune main de femmePlus longuement sans oublierContre des murs vivantsSur un Ă©troit chemin utile comme un arbrePour que le don de Mort recouvre les eaux suresJâai retenu la merLoin des cathĂ©drales dont elle se glorifieLoin de ces araignĂ©es qui tissent encore des vagues pour attirer la plageEt des rochers tordus oĂč sâen ira la vieJâai retenu la vieJâai retenu la merPour que reste le cri des oiseaux de lâorageCeux qui nâont plus rien dit depuis la grande attenteCeux qui prient chaque fois pour les morts en puissanceEt dĂ©tiennent la tour dâoĂč soufflent tous les ventsJâai retenu la merLa nuit est moins fĂ©roceQui permet au soleilUn temps de revenir. 23Ainsi, lâĂ©tude des poĂšmes les plus porteurs de sens, quels que soient les Ăąges et les cultures, montre que la mer, quâelle soit MĂ©diterranĂ©e ou OcĂ©ane, est le miroir oĂč lâhomme tente de percer les secrets de son Ăąme en quĂȘte de lui-mĂȘme, de lâorigine retrouvĂ©e et, ainsi, de la mort vaincue. La mer lâattire et le fait fuir de façon magnĂ©tique selon les Ă©motions qui le traversent. ArchĂ©type et Ă©mergence dâun genre 24Quâest-ce quâun archĂ©type ? Gilbert Durand utilise ce terme dans la lignĂ©e des Ă©tudes de Jung qui dĂ©finit lâarchĂ©type comme un concept se rapportant Ă une structure psychique. Un archĂ©type est, au sens Ă©tymologique, un modĂšle gĂ©nĂ©ral, une forme dâexpression donnĂ©e a priori », câest-Ă -dire une image primordiale » possĂ©dant un fort pouvoir de reprĂ©sentation qui ne fonctionne que par des caractĂ©ristiques intrinsĂšques et oĂč se trouve contenu un thĂšme universel, le tout exprimĂ© Ă travers les modĂšles Ă©lĂ©mentaires de reprĂ©sentation, qui procĂšdent de lâinconscient. Selon Jung, lâarchĂ©type organise et structure les processus psychiques de lâĂȘtre humain, Ă lâinstar de lâinstinct chez les animaux. Il sâagit dâimages mentales qui structurent lâinconscient collectif. 2 Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de lâimaginaire, op. cit., p. 19. 3 Ibid., p. 20. 25Dans Les structures anthropologiques de lâimaginaire introduction Ă lâarchĂ©typologie gĂ©nĂ©rale, Gilbert Durand explique que lâimage est porteuse de sens et que ce sens est Ă chercher dans le sens figurĂ©2, il approfondit la pensĂ©e de Jung en explicitant que toute pensĂ©e repose sur des images gĂ©nĂ©rales, les archĂ©types, schĂ©mas ou potentialitĂ©s fonctionnelles » qui façonnent inconsciemment la pensĂ©e », siĂšge de lâimagination oĂč sâhomogĂ©nĂ©ise la reprĂ©sentation3. Les archĂ©types, qui constituent les images primordiales, donnent corps aux schĂšmes. LâarchĂ©type est le lieu qui fournit une structure Ă lâidĂ©e, lâimage donnant naissance Ă lâidĂ©e. Le schĂšme de lâennui, par exemple, correspond au rĂ©flexe de lâenvie de lâailleurs dans toutes les acceptions du terme, dont la quĂȘte de lâorigine. Rencontrant le schĂšme de la peur de la mort, quelle que soit la forme que prend cette peur, il donne lâarchĂ©type de la mer. Le schĂšme de la rĂ©volte sous toutes ses formes correspond Ă la dynamique de la tempĂȘte et donne lâarchĂ©type de lâocĂ©an. 26Nous voyons bien ici que lâarchĂ©type nâest pas un symbole, car lâarchĂ©type est universel et Ă©chappe Ă toute ambivalence, de plus il nâest pas polyvalent et est associĂ© Ă un schĂšme de façon univoque. LâarchĂ©type est une des composantes qui structurent le mythe, rĂ©cit toujours vivant mais Ă la plasticitĂ© infinie, relatif Ă une Ă©poque donnĂ©e, lieu des questionnements les plus profonds des hommes. 27De cet archĂ©type Ă©merge un genre. La poĂ©sie mentionnant la MĂ©diterranĂ©e ou lâAtlantique fait Ă©merger un genre nouveau que lâon peut nommer poĂ©sie de la mer et de lâocĂ©an, ou poĂ©sie maritime si lâon englobe lâĂ©lĂ©ment marin Ă lâĂ©lĂ©ment ocĂ©anique. En effet, cette poĂ©sie correspond bien au concept de type catĂ©goriel qui dĂ©finit un genre littĂ©raire, elle rĂ©unit sous une forme et un fond commun un ensemble de poĂšmes. Elle appartient Ă un cadre qui correspond aux attentes du lecteur et Ă un modĂšle dâĂ©criture pour le poĂšte systĂšme dâĂ©nonciation, registres et thĂšmes convergents. 28La mer comme lâocĂ©an permettent lâexpression poĂ©tique des Ă©motions sentiment de la nature, amour, amitiĂ©, mĂ©lancolie, peur face Ă la mort, adoration religieuse, le lyrisme a Ă©tĂ© la premiĂšre expression humaine que lâon retrouve dans le mythe, les psaumes ou les premiĂšres odes. Dans cette expression primordiale dominent le vocabulaire affectif, les interrogations existentielles, les exclamations Ă©motionnelles, les invocations ; sa langue est celle des figures de style mĂ©taphores et personnification qui rĂ©vĂšlent en lâhomme sa quĂȘte de relation et, donc, dâharmonie avec le monde qui lâentoure et plus particuliĂšrement avec cette Ă©tendue dâeau dâoĂč il se dit provenir tant elle lui parle de lui. 29Ainsi sâaffiche le lien porteur de sens unissant mer MĂ©diterranĂ©e et ocĂ©an Atlantique qui tous deux participent de lâaspiration vers lâinconnu dans tout son potentiel fantasmatique, comme vers la sĂ©rĂ©nitĂ© du retour Ă lâunitĂ© originelle.Withimages only Nearby only Refine Type Any type (1) (1)